Wednesday, July 3, 2013

Départ

Les motos sont arrivées sur place il y a environ une semaine. Comme souvent avec les américains, il y a beaucoup de paperasse et de méfiance, mais si on fait tout dans les règles, personne ne vous embête trop. Dans notre cas, notre transitaire (WorldFreight) a fait plus ou moins tout le boulot, nous n'avons eu qu'à remplir des formulaires. D'après lui, il ne devrait plus avoir qu'à récupérer les motos à l'entrepôt demain.

De notre côté, le voyage est très long. Le Genève-Londres doit décoller à 7h30, et le réveil est donc réglé pour 5h. C'est sans compter sur un contrôle de l'avion par le service d'entretien de l'aéroport, qui retarde le départ de près d'une heure - c'était bien la peine de se lever si tôt... Les passagers inquiets de manquer leurs correspondances s'empressent d'aller demander au guichet ce qui va se passer. Ils obtiennent pour toute réponse l'assurance que Londres est informé du retard, mais qu'il n'y a aucune garantie qu'un avion de plus de 300 places attende pour une demi-douzaine de personnes en retard.

Un homme d'âge moyen, typé moyen-oriental, s'agite plusieurs fois auprès de l'hôtesse qui tente de gérer la situation. Son bagage a été embarqué sur notre avion, mais son billet est pour un autre vol Genève-Londres, qui doit partir en même temps d'une autre porte d'embarquement. L'hôtesse tente de le calmer, voyant déjà le regard de quelques passagers américains inquiets à l'idée qu'un homme basané ait pu embarquer une valise sur un vol sur lequel il n'embarquera pas. Elle tente d'expliquer qu'il n'est pas possible que le bagage parte sur un autre vol que lui, qu'évidemment c'est une erreur de la part du personnel de l'aéroport, mais qu'il faudra que son bagage soit retiré de notre avion, et qu'il ne sera alors plus temps de le transférer sur l'autre, qui lui, est à l'heure. L'homme insiste, il dit que sans son bagage, son voyage d'affaires est inutile, qu'il veut voir le supérieur... rien à faire. Finalement, l'hôtesse lui propose d'annuler son billet, et l'homme, toujours en colère, accepte en exigeant d'obtenir un contact auprès de qui déposer une plainte formelle.

Nous embarquons enfin vers 8h15. L'avion décolle avec une heure de retard, mais nous avons été informés de la porte d'embarquement du vol Londres-San Francisco. Pas besoin de changer de terminal, heureusement, et nous y arrivons seulement 45 minutes après avoir atterri sur le sol britannique. Cette fois-ci, c'est le vol pour San Francisco, et les questions rituelles sont un peu moins absurdes que les dernières fois que nous avons fait le voyage. On ne nous demande pas de certifier que nous ne sommes pas des terroristes, ou pire, des communistes. L'avion doit décoller à 10h35 locales, mais là aussi, il y a du retard. Nous restons près d'une heure assis avant que l'on se mette en mouvement. Encore un problème de bagage à bord, alors que le passager n'est pas là.

Les places economy plus, que nous avons demandées pour les vols transatlantiques, n'apportent pas franchement grand chose par rapport aux normales. Les repas sont servis : les hôtesses ont décidé de passer le plateau en entier au micro-ondes, au lieu d'y passer seulement les plats qui en avaient besoin, avec les conséquences que je vous laisse imaginer sur la salade et le morceau de beurre. Celui-ci s'est répandu sur l'ensemble du plateau repas.

Le vol, le plus long que nous ayons jamais fait, paraît interminable. Au bout du troisième film, je demande à Aurore combien de temps il reste avant d'atterrir. Mes jambes commencent vraiment à s'engourdir. La réponse est décevante : "Encore quatre heures."

Quand nous arrivons, plusieurs solutions s'offrent à nous pour nous déplacer jusqu'à notre point de chute à San Francisco. Nous prenons un genre de taxi partagé. Le conducteur, un chinois, est plein de vie, mais il ne connaît pas l'endroit que nous lui indiquons. Un autre passager utilise son smartphone pour l'aider à trouver. Le conducteur décide de déposer les autres passagers, et de se débrouiller ensuite pour trouver notre adresse. Il s'ensuit un premier tour de San Francisco, imprévu mais sympathique, à bord de cette navette. Le conducteur, qui veut se rattraper de ne pas connaître l'endroit que nous lui avons indiqué, nous signale, que l'énorme pont rouge devant lequel nous passons s'appelle le "Gowden Gate Bwuidge". Je ne sais pas s'il s'imagine que beaucoup de gens arrivent à San Francisco sans le connaître, mais il insiste. Un peu endormis - cela fait plus de 20 heures que nous sommes réveillés - nous ne réagissons pas assez vivement à son goût : "Gowden Gate Bwuidge!" répète-t-il enthousiaste. Il faut dire que le brouillard est tombé et que pour tout pont, on ne voit que deux colonnes plantées dans l'eau. L'ébahissement, j'espère, sera pour dans quelques jours, quand nous le traverserons à moto pour commencer notre route vers le nord.

Après avoir finalement réussi à diriger notre étonnant chauffeur, en utilisant la carte de la ville que nous avons trouvée à l'aéroport, nous arrivons à notre chambre, et décidons de nous poser quelques instants avant d'aller faire un tour en ville pour acheter une carte de téléphone et quelques outils pour la moto. Je me réveille 4 heures plus tard, nous avons dormi jusqu'à 20h30 heure locale. Le temps de nous rendre en ville, sans avoir vraiment cherché où aller, nous arrivons en plein quartier financier à 21h30 environ. Tout est fermé, et nous rencontrons à peu près autant de clochards que de touristes. Nous ne cherchions pas grand chose pour ce soir, de toute façon, et nous rentrons à la maison après un sandwich et une boisson. Le brouillard persiste, et donne une ambiance très "film noir" au quartier de Twin Peaks. Il est temps d'aller dormir encore un peu, car demain il y a encore beaucoup de choses à faire.

10 comments:

  1. coucou et bien contente de lire tout ça, j'espère que vous vous êtes bien reposé et que vous allez faire tout ce que vous avez à faire, des gros bisous

    ReplyDelete
  2. Bon voyage!!! Amusez-vous bien.
    Grosses bises de Nancy,
    Laura

    ReplyDelete
  3. Trop fort, le coup du plateau au micro-onde B-)

    Me réjouis de vous lire, en vous souhaitant bonne chance pour "tenir la route" avec les posts de blog :-)

    ReplyDelete
  4. Maryse et BernardJuly 3, 2013 at 7:17 AM

    ravis de vous savoir bien arrive malgré toutes les péripéties, avez vous bien dormi?
    Gros bisous de papa et maman.

    ReplyDelete
    Replies
    1. oui, on a pu faire une vraie nuit, ca fait du bien! Ce matin, petit dèj américain!

      Delete
  5. This comment has been removed by the author.

    ReplyDelete
    Replies
    1. L'auto-censure, c'est un hommage à tes hôtes ?

      Delete
    2. Non, juste une erreur :-)

      Delete
  6. Drôlement sympa votre blog, je suis bien contente de pouvoir lire les détails de votre grande aventure. J'espère que vous aurez bien récupéré de votre voyage pour récupérer les motos demain.
    Bisous, Maman

    ReplyDelete
  7. Très heureux de vous lire! Profitez en bien. Bisous.
    Nini vinc Hugo et Tom.

    ReplyDelete