Saturday, July 20, 2013

Crater Lake

La veille au soir, avant que nous allions nous gaver de hot dogs et de s'mores, Jim, le propriétaire du RV park, nous a fait une liste d'endroits à visiter dans les alentours, en plus du fameux Crater Lake. Il dit que l'on peut tout faire en une journée, mais nous avons plutôt l'impression qu'il y en a pour deux ou trois jours. En plus, nous devons faire un peu de lessive au lavomatique du coin, et nous profitons que la machine tourne pour aller petit-déjeuner chez Beckie's, le café du village d'à-côté qu'on nous a conseillé (10 miles, quand même, le concept d'à-côté n'est pas le même en Amérique). Nous y trouvons Sylvia et Dennis, que nous avions rencontrés hier soir. L'endroit est plein, et ils nous invitent à leur table.

Devant des assiettes si pleines qu'elles suffiraient à nourrir 3 personnes chacune, ils nous expliquent qu'ils font partie du staff du RV park, mais pas à temps plein. Il y a quelques années, une fois leurs enfants devenus adultes, ils ont décidé de tout vendre pour s'acheter un RV et sillonner le pays. Tous les 6 mois environ, ils vont découvrir un nouvel endroit. Ils sont d'ailleurs en train d'étudier la question de savoir s'ils vont aller dans le sud de la Californie ou en Arizona pour cet hiver. Elle qui ne connaissait que l'Arkansas quand elle l'a rencontré, et lui, texan d'origine, ancien militaire basé notamment en Allemagne, vont ainsi de région en région. A chaque fois, ils font en sorte de travailler à temps partiel dans le parc ou camping qui les loge. Ici, par exemple, ils sont 3 couples à travailler à l'entretien du parc, avec un tournus : un jour de travail, deux jours sans. En échange, la place leur est offerte, ainsi que tous les bénéfices du parc (lessive, vaisselle, matériel, etc.). Nous passons un très bon moment à découvrir un peu de leur vie, et à leur parler un peu de la nôtre. A la fin du petit-déjeuner, ils prennent la facture dès qu'elle arrive, et insistent pour nous offrir ce repas.

Que ce soit Jeff et Lucky à Yosemite, Jef et Flynn à San Francisco, ou Dennis et Sylvia maintenant, les gens que nous avons rencontrés ont été si gentils avec nous que nous n'en revenons pas. Je ne sais pas si c'est dû au fait que nous fassions ce grand voyage à moto, ce qui nous rend vulnérables d'une certaine manière et aussi certainement intrigants pour les gens que nous rencontrons, ou si c'est simplement que nous avons eu la chance de tomber sur des gens naturellement si généreux. Mais ce qui est sûr c'est que nous avons souvent du mal, avec notre place limitée à bord des motos, à pouvoir être aussi généreux en retour avec eux, alors que nous aimerions l'être car nous sommes sincèrement touchés par toutes ces marques de gentillesse. Du coup, c'est décidé, nous repasserons plus tard au café pour acheter une des tartes dont nos amis du jour ont dit tant de bien.

Nous rentrons pour rapidement étendre le linge à côté de notre tente (ce qui nous vaudra une tape sur les doigts en fin de journée), et prenons enfin la route : il est déjà près de midi. Le long programme tracé par Jim sera forcément raccourci. Nous commençons par une bonne portion de route en direction de Toketee Falls, avec quelques longues sections en ligne droite, sûrement annonciatrices de ce qui nous attendra par certains moments au cours de notre périple. Nous nous arrêtons en chemin pour voir d'autres chutes, celles de National Creek Falls. Nous empruntons à pied le début du chemin qui mène au bas de ces chutes, et une biche se tient juste là, à quelques mètres de nous, pas le moins du monde dérangée par notre présence.


Après quelques minutes, nous la laissons à ses occupations, et descendons le chemin pendant une quinzaine de minutes. Arrivés au bas de la cascade, nous sommes rafraîchis par le souffle empli de gouttelettes d'eau, qui nous sert de brumisateur naturel, alors que nous admirons l'endroit.


A la remontée, la biche revient nous dire bonjour, cette fois-ci si près que nous pourrions presque la caresser. Nous profitons encore un instant de sa présence avant de retourner aux motos pour reprendre la route vers une nouvelle chute d'eau. Il y en a des dizaines par ici, peut-être des centaines. Mais Toketee Falls vaut les 40 miles de route en plus. Au bout d'une nouvelle petite marche d'un quart d'heure, nous découvrons cette double chute d'eau, spectaculaire de par la façon dont l'eau a creusé la roche pour créer cette petite piscine naturelle, dans laquelle la première tombe, et qui donne en même temps naissance à la seconde.

Difficile de prendre une très bonne photo depuis la passerelle au bout du chemin, je vous laisse chercher quelques images sur internet, ça vaut le coup.
Après ces deux visites, nous filons à Crater Lake, pour pouvoir en faire le tour avant la nuit. Ce lac, formé à la suite de l'éruption qui arracha tout le sommet d'un volcan, était une des toutes premières choses que j'avais listées lors de la préparation du voyage. Dans cette région où les pluies sont fréquentes, et à une altitude de plus de 2'000 mètres sur le bord du cratère, l'eau s'est accumulée au fond de cette énorme dépression, pour créer l'un des lacs les plus profonds du monde, près de 600 mètres au point le plus profond.

L'entrée dans le parc se fait à une bonne dizaine de miles du cratère lui-même : toute la région est protégée. Avant d'arriver au cratère, on traverse par exemple le désert de ponce, une région quasiment dénuée de toute végétation, puisque la pierre déversée par le volcan il y a plus de 7'000 ans, trop poreuse à cette endroit, n'a jamais permis à quoi que ce soit (ou presque) d'y pousser à nouveau.


La montée vers les bords du cratère est magnifique, elle aussi. Des prairies si vertes, que pour le coup, on se croirait vraiment au pays des Teletubbies, pour reprendre l'expression de Jeff et Lucky.

Ok, là on ne le voit pas, mais toute la descente, au loin, était vraiment très verte.
Après avoir garé nos motos, nous montons les quelques mètres qui mènent à la barrière, à l'endroit ou le sol plonge subitement en direction du lac. Celui-ci apparaît devant nous, d'un bleu incroyablement profond. Comme avec les redwoods quelques jours avant, c'est là un spectacle qu'il est impossible de décrire, dont l'intensité ne pourra jamais passer à travers de simples photos. Arrivés là-haut, nous admirons sans voix. Personnellement, je me sens assez ému, car c'est là que je sens vraiment pour la première fois que nous sommes en train de vivre ce rêve que nous avons depuis plusieurs années maintenant, que nous avons beaucoup travaillé pour qu'il arrive, bien sûr, mais que nous avons aussi une chance incroyable qu'il puisse se réaliser.


Encore une fois, la vidéo ne rend pas du tout compte de l'impression réelle que peut faire cet endroit. Nous commençons la route qui en fait le tour, et qui passe à plusieurs reprises au bord du précipice, très raide, qui nous ferait plonger jusqu'à l'eau sans aucune possibilité de s'arrêter. Nous faisons plusieurs pauses pour profiter de ce moment, et prenons près de deux heures à faire le tour par le côté est, soit moins de 40 kilomètres.




Nous reprenons à contre-coeur le chemin du retour, et n'oublions pas de passer prendre la tarte pour nos amis Dennis et Sylvia. Nous préparons vite un petit repas, pour lequel d'autres voisins de campement nous offrent encore spontanément de l'aide et même un peu de leur nourriture. (on en vient presque à se demander si on fait pitié, tellement les gens sont gentils avec nous, alors qu'on se porte très bien, je vous jure!). Nous allons alors partager la tarte dans le RV de nos amis, un monstre pour nos normes européennes, avec cuisine équipée, îlot central à en faire pâlir d'envie Aurore, salon avec fauteuils en cuir... alors qu'ici c'est tout à fait normal! Nous échangeons rapidement nos coordonnées, en promettant de se recroiser si Sylvia et Dennis finissent par décider de passer l'hiver en Arizona.

1 comment:

  1. Après les écureuils, c'est une biche, les animaux sauvages ont l'air de vivre dans une bonne quiétude. Vos photos sont très belles et elles parlent d'elles même. Bisous. Maryse et Bernard

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