Tuesday, July 30, 2013

Colombie Britannique = Suisse x 25

En surface en tout cas, c'est à peu près ça. Autant dire que nous allons en faire du chemin ici. Marty nous a conseillé de passer par la Sea-to-Sky Highway, qui passe par Squamish puis Whistler. Très belle, surtout dans ses premiers kilomètres, au cours desquels elle longe les baies que forme la rivière Squamish lorsqu'elle vient se jeter dans l'océan, elle nous emmène à un bon rythme vers les montagnes qui ont servi de cadre aux épreuves de ski des Jeux Olympiques de 2010. Il y a quelques jours, le mécano qui nous avait servi de voiturier pendant que les motos étaient à Richmond nous racontait que ces fameux JO ont endetté la province pour un bon bout de temps, et que les habitants allaient payer encore longtemps l'organisation de ces jeux. Mais à Whistler, visiblement, le tourisme continue de ramener de l'argent dans les caisses. Lorsque nous y arrivons, l'endroit est très animé, avec notamment des concerts gratuits sur l'Olympic Plaza. Les groupes de rock locaux ont remplacé les cérémonies de remise de médaille sur la scène, et cela met de l'ambiance.


La rencontre du jour, c'est Mathieu, un français qui nous intercepte alors que nous quittons le restaurant en direction de nos motos. Il vient de se garer à côté de nous, a reconnu les plaques vaudoises, et en nous apercevant dans les rues du village, avec nos vestes et nos bottes, il nous aborde : "C'est vous les suisses?". Mathieu (ou Matthieu? Si tu nous lis, corrige si je me trompe) est en route depuis 3 ans. Originaire de Provence, il a décidé un jour de tout plaquer (copine, boulot, etc.) pour partir explorer le monde à moto. Pas de sponsor, pas de capital à la base, si ce n'est une petite enveloppe de ses parents, mais qui ne lui a pas permis d'aller bien loin, il voyage au rythme des petits boulots qu'il trouve en route. A vivre tout seul sur sa moto, on apprend vite à la connaître, et à connaître la mécanique en général, alors Mathieu roule tant qu'il le peut, et propose par exemple ses services dans un garage local quand il commence à arriver au bout de ses finances. Il nous raconte que depuis qu'il est ici, il n'arrête pas de croiser des motards qui vont claquer en un mois ce qu'il a dépensé en trois ans, à force de trouver un endroit où camper gratuitement, d'être invité chez les gens qu'il rencontre au cours de sa route, et d'entretenir sa moto tout seul. Nous n'osons pas lui dire sur le coup, mais je pense bien qu'il l'a compris, que nous sommes un peu de cette espèce-là nous aussi, mais le courant passe quand même. Il faut dire qu'il a beaucoup d'aventures à raconter, après avoir traversé des pays comme l'Iran, avoir été expulsé d'Australie, ou s'être retrouvé coincé dans les douanes en Malaisie avant qu'on ne le renvoie temporairement vers Paris. Il est arrivé il y a quelques semaines au Canada, et il est déjà allé presque jusqu'à Tuktoyaktuk, au bout de la Dempster Highway, avant de revenir. Nos routes ne font que se croiser, puisqu'il se dirige vers la Patagonie, mais nous échangeons nos coordonnées pour essayer de se suivre mutuellement.

Nous avions averti le motel que nous serions là vers 21h, mais avec cette rencontre, nous arrivons alors que la nuit est déjà tombée, et que les coyotes rôdent déjà le long des routes. Le lendemain, après le petit déjeuner, nous nous mettons en route vers Kamloops. La route continue de traverser des forêts au fond de vallées profondes entre les montagnes : si les arbres n'étaient pas si hauts, on pourrait se croire en Suisse. Nous nous arrêtons d'ailleurs pour une petite pause au bord d'un lac, et prenons quelques photos.




Après quelques minutes, nous sommes rejoints par un autre couple de motards, puis quelques minutes après, c'est un groupe de 8 autres qui arrive aussi sur la petite aire au bord de l'eau. Rapidement, ils remarquent nos plaques, et la discussion s'engage. Un des couples est originaire d'Angleterre. Ils ont émigré au Canada et habitent Victoria, mais leur fille Katie était jeune fille au pair à Aubonne il y a quelques années, lorsqu'Aurore y travaillait aussi! Le monde est bien petit parfois. Pendant qu'ils sont en train de discuter, un autre couple m'explique qu'ils aimeraient faire la même chose que nous dans l'autre sens, c'est-à-dire venir faire un tour d'Europe. Ils me demandent quelques conseils, mais je ne peux pas les aider autant que j'aimerais : c'est que nous avons surtout étudié l'Amérique nous, pas tellement l'Europe. Mais nous leur conseillons tout de même l'Italie et la Croatie, après notre beau voyage de l'an dernier. Nous restons un moment ainsi à discuter au bord du lac, encore une belle rencontre. Nous reprenons finalement la route, faisons une nouvelle petite pause photo (voir ci-dessous), au cours de laquelle tout le petit groupe rencontré auparavant nous dépasse. Lorsque nous repartons, ils sont en train de nous attendre un peu plus loin. Ils nous emboîtent le pas, mais pas pour longtemps, puisque seulement quelques secondes plus tard, et pendant que nous roulons à environ 90 à l'heure, un insecte de type indéterminé parvient à passer par l'espace entre ma visière et le bas de mon casque (1 cm à tout casser, à hauteur de la bouche), en rebondissant sur le bas de ce petit espace pour m'atterrir directement dans l’œil. La douleur est vive, et je fais ce que je peux pour m'arrêter au bord de la route. Aurore me verse un peu d'eau dessus pour essayer de me soulager, mais cela n'aide pas tellement. Au final, j'en serai quitte pour 3 ou 4 bonnes crises de douleur et de larmes, et un œil rouge pendant quelques heures. 


Le temps que je m'en remette, c'est une guêpe qui vient s'écraser sur mon cou. Sonnée, elle me pique, à tout hasard, histoire de voir... Elle reçoit le sort qu'elle mérite, mais je dois de nouveau me mettre sur le côté de la route. Aurore, qui pour une fois roulait devant, doit faire demi-tour après une petite frayeur, du fait de ne m'avoir plus vu dans ses rétros. Malgré tout, c'est une bonne journée, entre la rencontre au bord du lac, et une nouvelle traversée d'espaces quasi-désertiques, auxquels nous ne nous serions jamais attendus en Colombie Britannique.




Nous arrivons finalement à Kamloops en milieu d'après-midi. Comme souvent avec ces villes le long de la route, elle ne présente pas particulièrement d'intérêt : ce n'est pas pour cela que nous sommes venus, de toute façon. Mais au moins, on y trouve des motels avec Wifi, ce qui nous permet de contacter nos parents sur Skype, et des restaurants, dont nous profitons avant les prochains jours, qui promettent des menus à base de nourriture déshydratée.

Merci

Salut à tous! Juste un petit mot pour vous remercier tous pour vos commentaires, c'est vraiment très sympa de nous lire, et ça donne envie de continuer à écrire. On n'a pas forcément le temps de répondre, parce qu'écrire prend déjà beaucoup de temps, et il faut quand même rouler et visiter aussi, mais nous les lisons tous et ils nous font très plaisir, alors continuez! Nous sommes à Prince George, Colombie Britannique, ce soir (ça tombe bien, en ce moment), et tout se passe bien! A bientôt, Aurore et Francesco

Sunday, July 28, 2013

Vancouver

Pause bien plus longue que prévue à Vancouver. Nous avons rendez-vous pour les motos à Richmond, à environ 30 minutes au sud de la ville, car la concession BMW de Seattle a été tellement désagréable que nous avons décidé d'éviter les trop grands garages, et donc celui de Vancouver. Accueil plutôt sympa ici, et même un service de taxi jusqu'au métro, qui n'est pas franchement à-côté. Nous nous promenons en ville et cherchons une carte SIM canadienne, mais on nous déconseille d'en prendre une : "si vous partez au nord, elle ne vous servira plus à rien". Nous commençons donc à explorer Stanley Park, une des grandes attractions. Mais après un picnic au parc, il nous reste assez peu de temps avant de devoir retourner au garage. Et une fois arrivés, les nouvelles sont mauvaises. Voire très mauvaises.

Ma moto va bien, rien de particulier à signaler. Celle d'Aurore par contre, on ne sait pas. Ils n'ont pas pu ouvrir le couvercle de la boîte de vitesses car ils n'avaient pas en stock le joint pour remplacer celui en place. Et au lieu de demander autour d'eux et de le commander, ils attendaient qu'on leur dise de le faire. Tout se fait comme ça ici, ils ne bougeront pas le petit doigt sans avoir notre accord. Et le souci, c'est que le dépôt vient de fermer. Tout ce qu'ils peuvent nous dire, c'est qu'il y a un câble d'embrayage au dépôt, si personne d'autre ne l'a commandé aujourd'hui. Et eux, évidemment, n'ont pas pris la peine de les appeler pour qu'il soit mis de côté. Et pour couronner le tout, on est samedi. Le garage est donc fermé les deux prochains jours.

Mais la mauvaise nouvelle, ce n'est même pas ça. La mauvaise nouvelle, c'est qu'il faut potentiellement changer tout l'embrayage. Au-delà du prix, ils ne savent pas s'il y en a un à Vancouver. Si c'est le cas, le délai est d'un jour ouvrable, donc réception mardi, et avec un peu de chance on peut repartir mercredi ou jeudi. Sinon, il faut aller voir à Toronto : 3 à 5 jours ouvrables. Et si eux non plus ne l'ont pas, il faut le faire venir d'Allemagne. Autant dire qu'on sera coincés là un moment.

Nous prenons notre mal en patience et usons des jours de repos forcé pour visiter la région. A commencer par Stanley Park, son aquarium, son jardin des roses, ses plages qui font penser à celles de Vidy, et son pitch and putt.









Nous ne rencontrons nos hôtes Beth et Chris que dimanche soir, lorsqu'ils rentrent de leur week-end à vélo à Victoria, sur l'île en face de Vancouver. Ils sont partis avec leur petit chien dans leur sac à dos! Un peu néo-hippies sur les bords (pas que sur les bords en fait), mais très sympas, nous discutons un moment de nos aventures respectives. Malheureusement, ils ne peuvent pas nous loger une nuit de plus, puisqu'ils ont déjà une réservation pour la nuit de lundi à mardi, et nous devons donc les quitter rapidement. Ils nous proposent tout de même gentiment de garder les valises de la moto d'Aurore, qui est restée au garage. Sans ça, nous aurions été bien empruntés pour les emmener chez Marty, notre nouvel hôte.

Mardi, les nouvelles pour la moto sont plutôt bonnes. Le câble d'embrayage et le joint sont en route, on saura aujourd'hui s'il faut changer l'embrayage. Nous passons la journée à la plage de Spanish Banks, sur conseil de Beth. C'est agréable de se reposer sur le sable, mais les pétroliers dans la baie font un peu tache, tout de même.



En fin de journée, Joseph, du garage, nous dit qu'il faudra effectivement changer l'embrayage. La bonne nouvelle, c'est que le dépôt de Vancouver en a un, il sera commandé et arrivera demain. Le soir, alors que nous buvons un verre en profitant d'un superbe coucher de soleil au-dessus de la ville depuis le balcon de Marty, il nous suggère d'aller visiter North Vancouver, de l'autre côté du pont. Nous allons donc nous promener à Lynn Canyon Park. Les gorges ne valent pas celles de l'enterrement de vie de garçon de Gilles, mais le pont suspendu qui bouge à chaque pas n'aide pas mon vertige.



Après un petit passage à Deep Cove pour acheter des donuts au miel - sûrement 500 calories chacun, mais très bons, encore une fois grâce aux conseils de Marty - nous trouvons du WiFi pour apprendre que l'embrayage n'est pas arrivé. Ce sera une nuit de plus à Vancouver. Nous avons déjà 3 jours de retard sur le calendrier prévu, mais pas le choix. Le lendemain, heureusement, la pièce arrive. Une fois montée, nous passons récupérer la moto d'Aurore en fin de journée. Nous passons une dernière soirée à Vancouver, avec une deuxième visite à Via Tevere, le restaurant italien du coin, dont le pizzaiolo a pris des cours en Italie, et ça se voit.

Nous reprenons donc la route vendredi, une semaine après notre arrivée. Un dernier passage au garage pour prendre les pneus tout-terrain, que nous ferons monter à Prince George dans quelques jours, et nous sortons enfin de la ville pour commencer à retrouver des régions au trafic moins chargé. Il y a certes pire endroit pour être coincés qu'ici, mais nous avons déjà 3 jours de retard sur le calendrier prévu, et ça nous démange de reprendre la route.



Wednesday, July 24, 2013

Première frontière

Aujourd'hui, nous allons passer la frontière USA-Canada pour la première fois. Lors de la préparation du voyage, j'avais pensé faire un arrêt aux îles San Juan pour aller faire du kayak avec les orques. Malheureusement, nous n'aurons pas le temps de faire cette belle expédition cette année. Il faudrait aller dormir deux nuits sur les îles pour y avoir une journée entière, et de meilleures chances de voir ces animaux. Nous appelons pour les sorties en bateau, mais pour ça aussi, l'horaire est trop compliqué pour nous, il faudrait se lever extrêmement tôt, on rentrerait tard, et il faudrait encore passer la frontière, épreuve dont nous ne savons pas encore trop combien de temps cela pourrait nous prendre. Tant pis, ce sera pour notre prochaine visite dans la région, et au vu de toutes les belles expériences que nous y avons vécu, il y en aura une, c'est sûr.

Nous n'avons donc pas trop de kilomètres à faire aujourd'hui, "seulement" 220, mais nous préférons partir à notre horaire habituel, au cas où il y aurait des problèmes à la douane. Nous sommes toujours sur l'Interstate 5, une autoroute. La douane est donc constituée d'une série de guichets côte à côte permettant de gérer l'afflux de voitures, qui passent une à une devant l'un d'entre eux. Le garde-frontière ne nous demande pas grand-chose, simplement d'où nous venons et ce que nous venons faire au Canada. Il tamponne nos passeports. Je lui demande si nous devons aussi informer les USA du fait que nous sortons, il pense que non, mais nous conseille d'aller les voir directement si on veut en être certains. Et nous préférons, en effet : 10 minutes à pied pour rien ici, c'est toujours mieux que de se voir refouler à l'entrée en Alaska, et se retrouver coincés au Canada.

Sur le chemin vers le poste US, nous passons par le Peace Arch Park, une sorte de monument à l'amitié entre les deux pays. Il y a là l'occasion de quelques jolies photos, et nous sommes recrutés par plusieurs femmes asiatiques, qui nous demandent de les photographier elles aussi. Nous n'avons pas gardé leurs photos, alors on vous propose les nôtres.





Le douanier américain nous confirme que tout est en ordre, et nous repartons après avoir échangé nos coordonnées avec une jeune femme japonaise, qui nous a demandé un véritable shooting photo devant l'arche avec son appareil (bien trop sophistiqué pour que j'y comprenne quoi que ce soit). Elle nous remercie en nous photographiant à son tour avec son objectif de pro, et nous promet de nous envoyer la photo par mail (NB : 1 semaine plus tard, on attend toujours).

Les premiers kilomètres au Canada se passent sans souci, et nous arrivons à l'appartement de Beth, qui nous logera pour 3 nuits. Elle nous a écrit un véritable roman, car elle et son compagnon sont absents pour le week-end, et nous ne les rencontrerons que le dernier soir, et elle voulait prendre le temps de nous donner quelques conseils. Nous essayons de les suivre pour trouver l'épicerie du coin, mais nous nous perdons un peu, et finissons par découvrir tout le quartier. Difficile de trouver un supermarché dans le coin, on dirait plutôt qu'il n'y a que des magasins spécialisés. C'est sûr, c'est sympa, mais quand on essaie de faire quelques courses pour un soir, on n'a pas forcément envie de faire 5 magasins différents. De plus, nous découvrons qu'ici, l'alcool ne peut être vendu que dans des magasins spécialisés, séparés des supermarchés. Peu importe, nous parvenons à trouver quelque chose à nous faire, et sommes contents de manger tranquillement "à la maison". Après quelque temps, il faut dire que manger dehors tout le temps, ça finit par être un peu fatiguant. Je termine la soirée par un message de Travis, le jeune homme qui tente depuis quelques jours de débloquer mon téléphone portable, mais les nouvelles méthodes qu'il propose ne fonctionnent toujours pas. La télévision de Beth n'est pas connectée à une antenne ou câble permettant de recevoir des chaînes de télévision : c'est une télévision Apple, et impossible également d'acheter quoi que ce soit dessus par l'iStore. Du coup, notre soirée se termine tranquillement avec une lessive (on essaie d'en faire quand on a l'occasion), et la planification de la journée de demain. Nous avons rendez-vous à Richmond pour déposer les motos, que l'on aimerait faire réviser avant de partir pour le milieu de nulle part, et nous irons visiter Stanley Park pendant ce temps.

Seattle

Sur conseil de Bob, nous commençons notre visite de Seattle par le marché couvert de Pike Place... et nous pourrions y passer toute la journée. Pas un Starbucks ou McDonald's ici, uniquement de vrais étals de marché, et quasiment pas deux pareils, sur une grande zone au centre ville qui a su rester charmante. Pas de grand hangar ici, les toits sont bas, le marché s'étale sur 4 étages dans 8 bâtiments contigus. Nous arrivons presque tout de suite à l'étal des poissonniers, l'un des plus remarquables, et pas seulement par la qualité des poissons et fruits de mer.


Encore une fois, c'est grâce à la personne rencontrée sur place, en l’occurrence Bob, que nous passons un long moment à nous promener entre les différents petits vendeurs - fruits et légumes, fleurs, poissons, viandes, mais aussi tableaux, reliures, épicerie fine, etc. - et les artistes de rue, dont un magicien qui nous étonne par ses tours de cartes, et par son grand final : la résolution à une main d'un Rubik's cube, tout en faisant du Hula hoop, en lisant le journal qu'il tient dans l'autre main, entrecoupé de blagues pour faire rire son public. Il termine en nous disant qu'au moins on pourra dire qu'on a vu ça une fois dans notre vie, et il serait injuste de ne pas le faire, alors c'est dans le blog!






Nous continuons de passer entre les magasins et les étals, de la fromagerie artisanale au vendeur d'huiles d'olive et de vinaigre de toscane importés puis aromatisés. Difficile de tout prendre en photo, et de tout publier. En fait, difficile de s'en aller tout court, car on y resterait bien plus longtemps, mais après le premier burger de crabe depuis notre arrivée, il est temps d'aller voir un peu le reste de la ville.

Nous passons rapidement au Space Needle, le monument le plus connu de Seattle, mais franchement, on s'en serait bien passés. On pourra dire qu'on y est allé, mais il ressemble un peu trop à une mauvaise excuse pour arracher quelques dollars aux touristes pour un aller-retour en ascenseur ou un gadget inutile du magasin de souvenirs. Nous passons rapidement notre chemin, après avoir pris une photo de la tour, dont l'architecture reste tout de même étonnante.


Nous retournons vers notre lieu de séjour, dans le quartier de Green Lake, et allons nous poser un moment au bord du lac pour manger une glace, comme nous le faisons parfois à la maison au bord du Léman. Le restaurant grec, fermé la veille, est ouvert ce soir, et j'ai l'occasion de goûter à nouveau à l'avgolemono, la soupe que me faisait ma maman il y a bien longtemps. Cela devait faire au moins une quinzaine d'années que je n'en avais plus mangé, et ce plat tout simple me rappelle de bons souvenirs qui le rendent encore meilleur.

PS : le code pour débloquer mon téléphone est arrivé par mail, mais il ne fonctionne pas. Top cool...

Monday, July 22, 2013

Mount St Helens

Nous essayons de rattraper un jour de retard que nous avons pris, et la grosse journée d'hier (436 km) nous permet de visiter le Mont St Helens aujourd'hui le long de la route, au lieu de camper sur place avant de repartir le lendemain. La route depuis Hood River début le long de la rivière Columbia. Jef et Flynn, à San Francisco, nous avaient conseillé de nous arrêter à Portland, la "ville la plus verte des USA", et aussi celle ayant d'après eux le plus grand nombre de magasins de donuts et de strip-clubs en Amérique du Nord. Malgré cette description fort intéressante, nous poursuivons notre chemin sans nous y arrêter, pour garder notre bonne moyenne. Nous tournons donc une nouvelle fois vers le Nord, et entrons dans le troisième état depuis notre arrivée, l'état de Washington, le dernier avant le Canada.

Nous arrivons au Mont St Helens en milieu d'après-midi. Il faut dire que la route, sinueuse et collant au relief de la vallée de la Toutle River, est belle et longue : 80 km depuis l'Interstate Portland-Seattle, dont les 60 derniers mènent à l'observatoire de Johnston Ridge, tout au bout d'un cul-de-sac. Avant cela, nous faisons une petite pause aux deux centres pour visiteurs, qui offrent des informations sur la culture locale, mais bien sûr aussi sur la géologie et la volcanologie, en particulier en ce qui concerne le Mont St Helens. Pour ceux qui ne le sauraient pas, le Mont St Helens est un volcan en activité, qui, au terme d'une série d'évènements sismiques, entra en éruption le 18 mai 1980. L'éruption fut la plus grande jamais enregistrée aux USA, et généra un glissement de terrain gigantesque. Le sommet de la montagne passa en quelques instants de 2950 mètres, à 2449, et les coulées de boue et de roche rasèrent tout sur leur passage sur 60 km2.

 
L'observatoire, nommé en l'honneur de David Johnston, évoqué dans cette vidéo, a été construit à l'endroit auquel on pense que son campement se trouvait le jour de l'éruption. Nous passons un moment sur place à écouter différents intervenants sur les évènements de 1980, et sur l'évolution de la montagne depuis. En effet, au centre du cratère formé depuis cette époque, un nouveau petit dôme se forme, et grossit régulièrement.

Depuis le Forest Learning Center.

Depuis Johnston Ridge : la partie un peu bombée, au centre de la couronne, est en constante évolution.
Après une longue pause à Johnston Ridge, nous redescendons et faisons encore un peu de chemin jusqu'à Centralia. Le motel que nous avons réservé est en bordure d'autoroute, mais la chambre est très confortable, et nous donne l'occasion de nous reposer un peu. Seul souci : mon téléphone portable a disparu. Nous retournons toutes nos affaires, pas moyen de le retrouver. La dernière fois que nous l'avons vu, c'est quand Aurore me l'a donné au Forest Learning Center, après en avoir rechargé la batterie sur sa moto.

Le lendemain, j'appelle le centre, ainsi que l'observatoire, mais personne ne l'a retrouvé. Nous avons le temps de faire un aller-retour, car il n'y a qu'une grosse heure de route pour Seattle, notre prochain arrêt. Deux heures et demie aller-retour jusqu'à l'observatoire, mais on ne sait jamais. Nous arrivons au parking du Forest Center, là où nous nous souvenons nous l'être passé, mais il n'est pas là. Je vais marcher le long de la route un peu après, pour voir s'il serait tombé, mais sans succès non plus. Aurore est à court d'essence, je commence donc la route pour l'observatoire tout seul, mais après seulement quelques centaines de mètres, je vois quelque chose au milieu de la route. Ca pourrait bien être un téléphone. Je fais demi-tour et je m'arrête là où j'ai vu l'objet. C'est bien ça : le téléphone est là, la coque arrière en moins, écran face au goudron. Des dizaines de 4x4 ont dû rouler dessus. La coque et l'étui de protection sont à quelques mètres. J'ai dû le poser sur la moto sans réfléchir, et ne pas y faire attention en repartant : du grand art...


Je retourne voir Aurore, qui du coup n'a pas eu à m'attendre bien longtemps. Étonnamment, je suis assez content, ne serait-ce que parce qu'au moins nous ne sommes pas venus complètement pour rien : la carte SIM est récupérable. Sur le chemin, nous nous arrêtons dans un petit restaurant sympa au bord de la rivière Toutle, et la journée est somme toute assez agréable. De retour à Centralia, nous allons voir dans un magasin d'électronique que j'ai remarqué la veille, parce que l'affiche sur la devanture annonçait "Réparation de téléphones portables". C'était avant même de remarquer que je n'avais plus le mien, mais je m'étais dit qu'on pourrait y passer pour demander de l'aide pour mon oreillette, dont les fils s'étaient dessoudés, nous empêchant de communiquer de moto à moto depuis plusieurs jours. Je ne me doutais pas que j'aurais une deuxième raison d'aller le voir.

Rien à faire pour le téléphone si ce n'est en racheter un neuf, évidemment. Le vendeur me conseille d'aller en acheter un prépayé de chez AT&T, me disant qu'il s'occupera de le débloquer ensuite pour que je puisse utiliser ma carte T-Mobil. A mon retour, il a déjà ressoudé les fils de mon oreillette, et elle marche à nouveau parfaitement. Il ne me demande pas le moindre sou pour cela, juste 25$ pour débloquer le téléphone. Avec les 200 et quelques dépensés pour l'acheter, c'est quand même une belle dépense imprévue, mais pas moyen de faire autrement. Il doit recevoir le code par mail, mais celui-ci tarde à arriver, et nous voulons prendre la route pour Seattle. Il me fera suivre le message.

Nous passons sans encombre le pont sur la rivière Skagit, contrairement à un camion il y a quelques semaines (un précurseur du bus de la Orica-Greenedge, pour ceux qui ont suivi le Tour de France). Le pont est déjà réparé, à peine plus d'un mois après qu'une partie soit tombée à l'eau. L'arrivée à Seattle est très belle. Nous arrivons depuis le sud, et notre chambre pour la nuit est au nord de la ville, ce qui nous fait traverser le centre ville et ses grands buildings dans la lumière du soleil couchant : très joli, mais malheureusement pas possible de s'arrêter en plein trafic pour prendre une photo.

Nous sommes accueillis par Bob et Christi, qui habitent ensemble dans une maison pleine de petits objets étonnants posés dans tous les coins. Bob est artiste, il donne des concerts, écrit de la musique, fait des enregistrements pour des audiobooks. Il nous donne quelques conseils pour les restaurants, mais le grec qu'il nous suggère est malheureusement fermé. Nous arrivons au "Gainsbourg", pour un steak-frites délicieux, au vin rouge français, avec frites maison. De la cuisine simple de brasserie française, mais vraiment très bien faite, ce qui nous satisfait pleinement. Cette journée a encore été riche en évènements, et nous rentrons fatigués pour trouver notre lit déjà occupé.

Castor et Pollux, les chats de Bob.

Premières lignes droites, premier couchage de moto...

Après deux si belles journées dans les environs de Crater Lake, nous nous remettons en route vers le nord. Pour une fois, nous réussissons à partir pas trop tard, étant donné le fait qu'il fallait lever le camp, et à caser deux heures de route avant le déjeuner. Dans ces deux heures, nous avons le droit à notre première longue ligne droite "à l'américaine", que nous découvrons du sommet d'une colline. Près de 20 km de route droite comme un I se dessine devant nous sur cette Route 138.


Ces deux heures avant le déjeuner nous font du bien, car elles nous permettent de faire une grosse journée et d'avaler les kilomètres en se fatiguant beaucoup moins qu'en faisant une longue session l'après-midi. Le paysage de l'Oregon défile, et change étonnamment du tout au tout par endroits. Brusquement, alors que nous traversons toujours de grandes forêts depuis le matin, où les températures sont douces, les arbres disparaissent, et nous trouvons sur la droite de la route les panneaux pour le Smith Rock State Park. De nombreux westerns y ont été tournés, comme "Une bible et un fusil" (J. Wayne, K. Hepburn), par exemple. En voyant le paysage, on comprend pourquoi.


Peu de temps après, la route plonge en quelques minutes vers un canyon aride, où la chaleur est étouffante, avant de remonter vers le plateau. On est ici dans la réserve indienne de Warm Springs. Nous n'avons pas beaucoup de temps pour nous arrêter, et tout ce que nous voyons pour ce qui est de la culture indigène, ce sont les casinos au bord de la route.


Une fois revenus sur le plateau, soufflé par un vent de côté assez fort et régulier à cause de l'absence d'arbres (très pénible à moto), nous arrivons sur une région complètement déserte, avec près de 80 km sans aucune trace de civilisation. Aurore commence à être à court d'essence. Elle s'arrête sur le côté pour m'en avertir (nos oreillettes sont toujours HS), mais l'endroit choisi n'est pas génial : des graviers assez meubles et descendant rapidement vers la plaine, un peu en contrebas. Aurore a pris la portion tout au bord de la route, qui est encore à plat, mais pour m'approcher d'elle, je suis obligé de descendre un peu. Pas de souci particulier, mais au moment de remonter, le terrain rend les choses très difficiles. Au troisième essai, je reste coincé avec la roue avant sur la partie haute et plate et l'arrière en-dessous, dans le mini-caniveau. Mes pieds ne touchent plus le sol, et la moto bascule. Rien de grave, ni pour moi ni pour la moto, mais impossible de la relever, même à deux. Il faut la décharger, et une fois les "polochons" retirés, nous parvenons à la redresser.

Un peu énervés, mais sans la moindre égratignure, nous finissons par retrouver la forêt, et avec elle, une station service. Le gérant de la station nous conseille de prendre la route qui fait le tour du Mont Hood, plutôt que celle qui passe à côté et s'en va directement pour Portland. Nous trouvons un motel de libre grâce à la magie d'internet, et nous suivons son conseil. La route est en effet très belle, et nous arrivons à Hood River, petite ville au bord de la rivière Columbia, et spot réputé pour le kitesurf, comme en attestent de nombreux shops dans les rues. La soirée se termine dans une brasserie de la ville avec de très bonnes bières (la bière américaine c'est bon, je vous jure! Il faut juste trouver les productions locales), et un salmon and chips!

Saturday, July 20, 2013

Crater Lake

La veille au soir, avant que nous allions nous gaver de hot dogs et de s'mores, Jim, le propriétaire du RV park, nous a fait une liste d'endroits à visiter dans les alentours, en plus du fameux Crater Lake. Il dit que l'on peut tout faire en une journée, mais nous avons plutôt l'impression qu'il y en a pour deux ou trois jours. En plus, nous devons faire un peu de lessive au lavomatique du coin, et nous profitons que la machine tourne pour aller petit-déjeuner chez Beckie's, le café du village d'à-côté qu'on nous a conseillé (10 miles, quand même, le concept d'à-côté n'est pas le même en Amérique). Nous y trouvons Sylvia et Dennis, que nous avions rencontrés hier soir. L'endroit est plein, et ils nous invitent à leur table.

Devant des assiettes si pleines qu'elles suffiraient à nourrir 3 personnes chacune, ils nous expliquent qu'ils font partie du staff du RV park, mais pas à temps plein. Il y a quelques années, une fois leurs enfants devenus adultes, ils ont décidé de tout vendre pour s'acheter un RV et sillonner le pays. Tous les 6 mois environ, ils vont découvrir un nouvel endroit. Ils sont d'ailleurs en train d'étudier la question de savoir s'ils vont aller dans le sud de la Californie ou en Arizona pour cet hiver. Elle qui ne connaissait que l'Arkansas quand elle l'a rencontré, et lui, texan d'origine, ancien militaire basé notamment en Allemagne, vont ainsi de région en région. A chaque fois, ils font en sorte de travailler à temps partiel dans le parc ou camping qui les loge. Ici, par exemple, ils sont 3 couples à travailler à l'entretien du parc, avec un tournus : un jour de travail, deux jours sans. En échange, la place leur est offerte, ainsi que tous les bénéfices du parc (lessive, vaisselle, matériel, etc.). Nous passons un très bon moment à découvrir un peu de leur vie, et à leur parler un peu de la nôtre. A la fin du petit-déjeuner, ils prennent la facture dès qu'elle arrive, et insistent pour nous offrir ce repas.

Que ce soit Jeff et Lucky à Yosemite, Jef et Flynn à San Francisco, ou Dennis et Sylvia maintenant, les gens que nous avons rencontrés ont été si gentils avec nous que nous n'en revenons pas. Je ne sais pas si c'est dû au fait que nous fassions ce grand voyage à moto, ce qui nous rend vulnérables d'une certaine manière et aussi certainement intrigants pour les gens que nous rencontrons, ou si c'est simplement que nous avons eu la chance de tomber sur des gens naturellement si généreux. Mais ce qui est sûr c'est que nous avons souvent du mal, avec notre place limitée à bord des motos, à pouvoir être aussi généreux en retour avec eux, alors que nous aimerions l'être car nous sommes sincèrement touchés par toutes ces marques de gentillesse. Du coup, c'est décidé, nous repasserons plus tard au café pour acheter une des tartes dont nos amis du jour ont dit tant de bien.

Nous rentrons pour rapidement étendre le linge à côté de notre tente (ce qui nous vaudra une tape sur les doigts en fin de journée), et prenons enfin la route : il est déjà près de midi. Le long programme tracé par Jim sera forcément raccourci. Nous commençons par une bonne portion de route en direction de Toketee Falls, avec quelques longues sections en ligne droite, sûrement annonciatrices de ce qui nous attendra par certains moments au cours de notre périple. Nous nous arrêtons en chemin pour voir d'autres chutes, celles de National Creek Falls. Nous empruntons à pied le début du chemin qui mène au bas de ces chutes, et une biche se tient juste là, à quelques mètres de nous, pas le moins du monde dérangée par notre présence.


Après quelques minutes, nous la laissons à ses occupations, et descendons le chemin pendant une quinzaine de minutes. Arrivés au bas de la cascade, nous sommes rafraîchis par le souffle empli de gouttelettes d'eau, qui nous sert de brumisateur naturel, alors que nous admirons l'endroit.


A la remontée, la biche revient nous dire bonjour, cette fois-ci si près que nous pourrions presque la caresser. Nous profitons encore un instant de sa présence avant de retourner aux motos pour reprendre la route vers une nouvelle chute d'eau. Il y en a des dizaines par ici, peut-être des centaines. Mais Toketee Falls vaut les 40 miles de route en plus. Au bout d'une nouvelle petite marche d'un quart d'heure, nous découvrons cette double chute d'eau, spectaculaire de par la façon dont l'eau a creusé la roche pour créer cette petite piscine naturelle, dans laquelle la première tombe, et qui donne en même temps naissance à la seconde.

Difficile de prendre une très bonne photo depuis la passerelle au bout du chemin, je vous laisse chercher quelques images sur internet, ça vaut le coup.
Après ces deux visites, nous filons à Crater Lake, pour pouvoir en faire le tour avant la nuit. Ce lac, formé à la suite de l'éruption qui arracha tout le sommet d'un volcan, était une des toutes premières choses que j'avais listées lors de la préparation du voyage. Dans cette région où les pluies sont fréquentes, et à une altitude de plus de 2'000 mètres sur le bord du cratère, l'eau s'est accumulée au fond de cette énorme dépression, pour créer l'un des lacs les plus profonds du monde, près de 600 mètres au point le plus profond.

L'entrée dans le parc se fait à une bonne dizaine de miles du cratère lui-même : toute la région est protégée. Avant d'arriver au cratère, on traverse par exemple le désert de ponce, une région quasiment dénuée de toute végétation, puisque la pierre déversée par le volcan il y a plus de 7'000 ans, trop poreuse à cette endroit, n'a jamais permis à quoi que ce soit (ou presque) d'y pousser à nouveau.


La montée vers les bords du cratère est magnifique, elle aussi. Des prairies si vertes, que pour le coup, on se croirait vraiment au pays des Teletubbies, pour reprendre l'expression de Jeff et Lucky.

Ok, là on ne le voit pas, mais toute la descente, au loin, était vraiment très verte.
Après avoir garé nos motos, nous montons les quelques mètres qui mènent à la barrière, à l'endroit ou le sol plonge subitement en direction du lac. Celui-ci apparaît devant nous, d'un bleu incroyablement profond. Comme avec les redwoods quelques jours avant, c'est là un spectacle qu'il est impossible de décrire, dont l'intensité ne pourra jamais passer à travers de simples photos. Arrivés là-haut, nous admirons sans voix. Personnellement, je me sens assez ému, car c'est là que je sens vraiment pour la première fois que nous sommes en train de vivre ce rêve que nous avons depuis plusieurs années maintenant, que nous avons beaucoup travaillé pour qu'il arrive, bien sûr, mais que nous avons aussi une chance incroyable qu'il puisse se réaliser.


Encore une fois, la vidéo ne rend pas du tout compte de l'impression réelle que peut faire cet endroit. Nous commençons la route qui en fait le tour, et qui passe à plusieurs reprises au bord du précipice, très raide, qui nous ferait plonger jusqu'à l'eau sans aucune possibilité de s'arrêter. Nous faisons plusieurs pauses pour profiter de ce moment, et prenons près de deux heures à faire le tour par le côté est, soit moins de 40 kilomètres.




Nous reprenons à contre-coeur le chemin du retour, et n'oublions pas de passer prendre la tarte pour nos amis Dennis et Sylvia. Nous préparons vite un petit repas, pour lequel d'autres voisins de campement nous offrent encore spontanément de l'aide et même un peu de leur nourriture. (on en vient presque à se demander si on fait pitié, tellement les gens sont gentils avec nous, alors qu'on se porte très bien, je vous jure!). Nous allons alors partager la tarte dans le RV de nos amis, un monstre pour nos normes européennes, avec cuisine équipée, îlot central à en faire pâlir d'envie Aurore, salon avec fauteuils en cuir... alors qu'ici c'est tout à fait normal! Nous échangeons rapidement nos coordonnées, en promettant de se recroiser si Sylvia et Dennis finissent par décider de passer l'hiver en Arizona.

Friday, July 19, 2013

1 de passé, plus que 37 (et 5 provinces canadiennes)

Crescent City n'est qu'à quelques kilomètres de la frontière entre la Californie et l'Oregon. En fin de matinée, le premier Etat est donc derrière nous, et nous entrons dans le second, toujours dans des régions de forêts.


Nous avançons en direction de Grants Pass, et l'une des premières bourgades que nous traversons s'appelle Cave Junction. A sa sortie, un panneau m'interpelle : "Great Cats World Park", illustré d'images de lions, tigres, et autres félins. Aurore ne l'a pas loupé non plus, et lorsque je lui propose d'y faire un tour, la réponse est évidemment oui (pour ceux qui ne la connaissent pas, elle adore les animaux). Au final, nous passons près d'une heure et demie à suivre les explications d'une jeune femme, qui nous fait passer de cage en cage devant ces superbes animaux, à seulement 2 ou 3 mètres d'eux. Le parc est en fait un centre qui s'occupe de promouvoir la cause de nombreuses espèces de félins en danger d'extinction (17 espèces présentes dans le parc, du petit chat sauvage au grand jaguar), et qui tente de faire en sorte de favoriser la reproduction, fût-ce en captivité, des animaux en leur possession. La jeune femme qui nous guide a un discours bien rôdé : on sent qu'elle doit le répéter une demi-douzaine de fois par jour au moins, mais il est efficace et énergique. Aurore prend une bonne dose de photos et de vidéos (une toute petite partie ci-dessous), même si la main n'est pas toujours sûre quand le lion commence à donner de la voix.






Après cette longue pause, nous allons nous acheter un picnic, et nous perdons un peu dans nos tentatives pour trouver un endroit où le manger. Il faut dire qu'ici, il n'y a pas vraiment d'aire de repos. Entre deux villages, il n'y a que la route, et quand nous trouvons un chemin au bord de celle-ci, c'est toujours l'entrée d'une propriété privée. Les rares petites zones de gravier au bord de la route permettant de s'arrêter sont toujours en plein soleil. Nous finissons par faire une pause pour discuter de la situation : il n'y a pas grand chose à faire si ce n'est continuer. Je remets le contact, mets en route le moteur, et la moto cale. Je recommence, avec le même résultat. Pendant plusieurs minutes, rien à faire, si je ne garde pas un filet de gaz, la moto ne veut pas rester au ralenti. J'essaie même de rouler, mais dès que je relâche trop l'accélérateur, le moteur s'interrompt. C'est reparti, encore des problèmes. Je m'arrête au bord de la route, et je hurle un bon coup, histoire de relâcher un peu de tension. Je descends, je fais le tour de la moto, mais tout est en ordre du côté du câble d'embrayage, en tout cas d'apparence. Je remonte dessus, tente encore une fois le coup, et cette fois, elle démarre normalement. C'est à n'y rien comprendre. Il faudra vraiment les amener dans un garage, parce que ce genre de blagues dans l'Oregon, ça va, mais dans le Yukon...

A Grants Pass, nous trouvons enfin un petit parc public, avec quelques tables de picnic à l'ombre : il est près de 15h30. Nous engloutissons nos sandwichs tandis que je cherche sur le GPS et sur mon natel l'adresse de garages moto BMW et Triumph dans la région. Il se trouve qu'il y a un garage qui fait les deux à Medford, seulement quelques miles plus loin. Nous y arrivons 10 minutes trop tard : on est samedi, et il ferme à 16h30. Pas le temps d'attendre lundi ou mardi qu'il ouvre à nouveau, nous en trouverons bien plus loin, si les motos veulent bien ne pas faire d'histoires jusque-là.

Nous roulons encore, notre destination de ces 4 derniers jours s'approche : Crater Lake. Le soleil commence à descendre dans le ciel, et nous n'avons rien réservé pour ce soir. Nous nous arrêtons à Prospect, à 45 minutes de Crater Lake. Le village est plus ou moins désert : pas la moindre trace de vie au bar du coin, alors que le terrain de football de l'équipe du lycée local, juste en face, semble flambant neuf. Le contraste est étonnant, mais nous n'avons pas le temps de nous attarder tellement là-dessus, il faut trouver un endroit où dormir. Les derniers campings que nous avons passés avaient des pancartes annonçant complet. Le site des parcs nationaux avertissait qu'il valait mieux réserver, mais sans date d'arrivée et de départ précises, c'était impossible. Nous revenons au croisement de la route 62. De l'autre côté, le Crater Lake RV Park. Avec un nom comme ça, il doit aussi être plein, mais il n'y a pas de pancarte, alors nous tentons notre chance.

Personne n'est à la réception, mais une femme vient vite nous voir. Elle nous voit, avec nos 2 motos, et sent que nous sommes un peu en difficulté. Elle m'explique que normalement, ce site n'est fait que pour les RVs (Recreational Vehicles, un joli nom donné à ces véritables maisons sur roues que sont les camping-cars américains). Mais elle veut nous aider : il faut qu'elle voie avec le patron, mais comme elle le connait, elle pense qu'il nous trouvera un endroit. Et en effet, Jim, un vieil homme qui a certainement passé les 80 ans, arrive dans un genre de mix entre un tracteur et une voiturette électrique pour golfeur : il me dit de monter, et me fait faire le tour du propriétaire. Il m'indique un endroit entre deux RVs et une cabane, bien assez grand pour planter la tente et poser les deux motos. De retour à la réception, Sylvia, la dame qui nous a accueilli, nous invite à participer à la soirée hot dogs autour du feu de camp qui aura lieu un peu plus tard. Quelle chance!

Et ce n'est pas fini. A peine avons nous commencé à planter la tente, que le locataire de l'emplacement voisin nous offre deux bières. Nous finissons notre travail rapidement, et allons nous asseoir avec lui et sa femme, Ron et Karen. Il a bossé une bonne partie de sa vie chez Intel, à un poste à haut niveau de stress, ce qui lui a valu une crise cardiaque et un pontage coronarien. Du coup, il a changé de poste, mais toujours chez Intel. Moins de stress, mais il profite toujours des mêmes avantages, dont un droit à un congé de 3 mois payé tous les 7 ans, en plus de ses 5 semaines de vacances. Karen et lui en profitent pour visiter le pays en camping-car. La discussion se poursuit après que nous ayons rejoint les autres autour du feu de camp. Dennis, le mari de Sylvia, rencontrée plus tôt à la réception, nous apprend à faire des s'mores, et raconte ses aventures de la journée, sur le bateau sur lequel lui et un ami étaient partis à la pêche, dont le système électrique a pris feu. C'est un show à lui tout seul, tout le monde rit, et l'ambiance bon-enfant nous laisse penser que nous sommes vraiment tombés au bon endroit.



Le s'more : du marshmallow fondu entre deux morceaux de chocolat, le tout en sandwich entre deux crackers. Un truc léger, quoi.

Thursday, July 18, 2013

Avenue of the giants (enfin)

Après un détour par le garage de la veille, pour offrir à notre sauveur la seule bouteille de vin français que nous ayons trouvé au supermarché du coin (du Beaujolais, incroyable qu'ils en aient même eu une, en fait), nous nous dirigeons à nouveau vers la fameuse avenue des géants, et cette fois, pas de souci mécanique. Par contre, nous nous arrêtons rapidement pour voir de plus près ces arbres gigantesques.

Difficile de les décrire, impossible de rendre compte par des mots, ou même par des photos, de l'impression que nous font réellement ces colosses : il faut absolument être sur place et face à eux pour se rendre compte. Le cliché des "treehuggers", les défenseurs de la forêt qui grimpent aux arbres pour empêcher qu'on ne les abatte, n'en est plus un face à eux : si on voulait en abattre un, je crois que je grimperais dessus moi-même pour défendre ces géants si majestueux.


Heureusement, dans toutes ces forêts classées en tant que parcs régionaux ou nationaux, la coupe de ce bois est interdite. D'ailleurs, même le bois des arbres morts, une fois ceux-ci tombés, ne peut pas être récupéré et vendu, quand bien même un autochtone nous laisse entendre que chacun de ces arbres représenterait à lui seul plusieurs millions (!) de dollars de bois (petit calcul rapide, et l'ordre de grandeur semble effectivement correct!). Seuls les troncs qui se sont abattus en travers de la route sont donc découpés, et le reste repose donc simplement dans la forêt.


Avancer le long de cette route s'apparente vraiment à une procession dans une sorte de cathédrale de la nature. Ou plutôt une série de cathédrales, puisque les séquoias semblent presque pousser par "bouquets" : tantôt on en traverse une série très dense, tantôt ils disparaissent pendant quelques kilomètres.

Et le spectacle n'est pas fini pour la journée. Peu après, la route traverse le Humboldt Lagoons State Park, passant notamment sur une petite bande de terre coincée entre une lagune et l'océan! Nous en profitons pour une pause, et une promenade sur la plage, pour découvrir le Pacifique d'un peu plus près.




La route se poursuit le long de l'océan, avec quelques nouvelles incursions dans les forêts de redwoods, un peu plus à l'intérieur des terres. Nous arrivons dans un motel à Crescent City, qui outre la particularité qu'elle est particulièrement susceptible aux raz-de-marée (elle fit partie des villes américaines subissant quelques dégâts lors du tristement célèbre tremblement de terre au large du Japon en 2011), représente surtout pour nous une forme de retour à la civilisation, avec le wifi dans la chambre... qui malheureusement déconnecte toutes les 5 minutes. Le blog attendra.