Monday, September 2, 2013

Alaska Highway (suite)

Lundi 19 août

Nous repartons assez tôt aujourd'hui. Pas de douche, d'une part parce qu'il n'y en a pas au camping et que nous avons fait ce que nous avons pu avec le sauna hier soir (on pouvait prendre du savon et du shampooing avec soi, heureusement), mais surtout parce que si la météo reste favorable comme elle a l'air de l'être ce matin, nous avons 620 km à parcourir jusqu'à Whitehorse, de loin notre plus grosse journée depuis le départ. Nous arrivons à la frontière en milieu de journée. Le garde-frontière canadien est nettement plus sympathique que l'américain sur la Top of the World. La qualité de la route est par contre un peu inversée par rapport à l'aller, bien meilleure avant la frontière qu'après, où de nombreuses sections en graviers sur fond peu régulier se succèdent.

Pour déjeuner, nous nous arrêtons à Cook's Koidern River Lodge. Les Cook sont un couple qui continue de tenir ce petit magasin au bord de la route, d'y vendre de l'essence et quelques souvenirs, alors qu'ils doivent certainement avoir passé les 80 ans. Lui s'occupe de discuter avec les clients et de retenir son chien, qui doit être aussi vieux que lui en âge canin, mais un peu plus grincheux. Pendant ce temps, elle regarde ses séries à la télévision, le son au maximum, car elle n'entend visiblement plus très bien. Nous leur achetons de quoi pique-niquer sur leur porche, et avons le droit d'utiliser les toilettes parce que nous avons bien voulu faire le plein d'essence.

L'après-midi, nous continuons de rouler dans l'espoir de ne pas arriver trop tard à Whitehorse, mais nous faisons tout de même des pauses toutes les heures, comme d'habitude, car il fait frais malgré le soleil. Au bord du Kluane Lake, nous nous arrêtons pour une tasse de thé. La route suit le lac sur une bonne partie de sa rive Ouest, avant de le traverser sur une portion peu profonde et étroite entre les parties supérieure et inférieure, où un petit pont enjambe la sorte de détroit qui lie les deux. De l'autre côté, nous nous arrêtons sur une aire pour prendre quelques photos, et y trouvons un RVeur australien rencontré à Tok il y a deux semaines. Il nous propose une deuxième tasse de thé, que nous ne pouvons que refuser, de peur de devoir faire un arrêt supplémentaire par la suite, mais nous discutons un moment de nos tours respectifs. Eux aussi vont aller jusqu'à la côte Est : ils ont acheté leur RV ici pour ce voyage de plusieurs mois, et vont le laisser chez des amis à la fin de l'été pour revenir l'an prochain! Nous profitons ensemble de la vue et partageons nos histoires.


Les motos ont été lavées à Fairbanks, mais il reste encore une belle couche de poussière dessus. Rien à faire, si ce n'est relaver et frotter!
Nous arrivons à Whitehorse vers 20 heures, et n'avons pas encore d'endroit où dormir. Après une journée comme ça, un vrai lit nous fera du bien, et nous cherchons une chambre d'hôtel sur internet pendant que nous mangeons un morceau dans un fast-food - à défaut de bien manger, on y trouve au moins toujours du Wifi. Sur un site qui recense les hôtels, nous trouvons en fait un Bed and Breakfast que tient une dame d'âge moyen chez elle. Pamela semble vivre seule dans cette grande maison où trois chambres sont à disposition de clients, et s'occuper en même temps de services de spa, et même d'organiser des réceptions de mariage dans sa maison! Derrière celle-ci, pas de jardin à proprement parler, mais une immense terrasse en tek, avec de nombreuses tables et chaises d'extérieur, le tout entouré de fleurs dans de grands pots qui remplissent presque tout l'espace restant. Difficile de comprendre comment elle peut s'occuper de tout cela en même temps, mais elle reste tout à fait disponible, bien qu'elle ait l'air assez surprise de nous voir débarquer vers 21h, seulement quelques minutes après avoir réservé en ligne.

Le lendemain, nous sommes promis à la portion de route que nous avions fait en sens inverse il y a quelques semaines, entre Whitehorse et Watson Lake. La route nous est connue, et les lieux aussi. Nous nous arrêtons à Teslin, là où nous avions dormi à l'aller. Il faut dire que sur la Highway, il n'y a pas beaucoup d'options. C'est aussi ce qui en fait le charme : on roule sur des centaines de kilomètres et on ne voit que quelques voitures, mais tout le monde est obligé de s'arrêter au même endroit, et on se croise puis se recroise dans de petits restaurants ou hôtels qui sont par conséquent toujours bien vivants et occupés.

Watson Lake est un bon exemple de cela. Comme d'autres dans la région, cette petite ville (moins de 1000 habitants, mais pour le Yukon, c'est une ville) a perdu une partie de sa population lorsque les mines d'amiante comme celle de Cassiar ont fermé, mais elle subsiste aujourd'hui notamment en tant que point de chute pour les routiers et les touristes de l'Alaska Highway. Nous avons d'ailleurs du mal à y trouver un lit! Il ne reste plus qu'une chambre à l'Air Force Lodge. Son nom provient du fait qu'il s'agit d'anciens baraquements mis en place lors de la seconde guerre mondiale pour servir aux aviateurs basés dans la région pour protéger l'espace aérien Nord-Américain. Il y a une quinzaine d'années, un allemand tombé amoureux de la région a fait déplacer ces préfabriqués qui n'avaient plus été utilisés depuis, tout retapé, et ouvert ce motel. Il nous accueille chaleureusement, et nous tient la jambe un long moment, car il est passionné de moto lui aussi. En bon allemand, il en connaît un rayon sur les BMW, mais il semble aussi être très au courant des petites habitudes des employés des compagnies de transport de fret. Après lui avoir expliqué nos soucis d'embrayage du début du voyage, il est convaincu que des employés à San Francisco se sont amusés à les sortir et à faire un tour avec. Nous avons un peu de mal à y croire, mais en même temps, nous n'avons toujours pas de meilleure explication...

Nous arrivons péniblement à nous extirper de cette conversation, non pas qu'elle soit désagréable, mais nous voulons aller visiter le Northern Lights Centre, le musée de Watson Lake qui sert de centre d'information sur les aurores boréales. Nous y trouvons encore une fois notre ami australien, et la discussion reprend. Après quelques minutes, nous sommes invités à entrer dans la salle de cinéma en forme de dôme. Deux films se succèdent : un premier, pas très réussi (c'est le prof de physique qui parle), sur l'Univers. Difficile de comprendre ce qu'il vient faire là, car la partie qui concerne les aurores - l'interaction entre les vents solaires et l'atmosphère terrestre - n'est pas du tout abordée. Le deuxième traite plus directement des aurores, et suit un groupe d'observateurs tout en expliquant leur démarche. Le tout est évidemment accompagné de magnifiques images projetées sur le dôme. Ce n'est bien sûr pas la même chose que de le voir en vrai, mais ici, en plein été, il fait encore presque jour à minuit, alors les aurores... Nous sortons à près de 22h, sans avoir rien mangé. Tout est fermé en ville, et nous devons nous contenter de nos sachets de nourriture lyophilisée, accompagnés d'une boîte de maïs et d'une autre de pêches au sirop, le tout dans notre chambre d'hôtel à deux lits simples. Nous savons que dans quelques jours nous reviendrons au camping ou à des chambres plus confortables, alors le diner rudimentaire dans la chambre ne passe finalement pas si mal.

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