Wednesday, September 25, 2013

... et retour aux USA

Mardi 27 août

Nous retrouvons aujourd'hui les États-Unis, après avoir traversé le Canada en seulement une semaine. Le passage en douane, en fin de matinée, est bien plus agréable qu'il ne l'avait été à l'entrée en Alaska. Les douaniers du Montana sont peut-être moins habitués à rencontrer des motards européens, et ils sont très gentils, nous posant même quelques questions sur le voyage et ce que nous avons aimé ou non. Après que le préposé au contrôle ait enfin réussi à rentrer nos plaques étrangères dans son registre informatique, nous pouvons à nouveau rentrer aux USA. Nous quittons donc le Canada, que nous n'avons fait que traverser tout droit cette fois-ci. Espérons que nous aurons l'occasion d'y retourner dans quelques mois - le temps restant et la météo en décideront.

Juste après la douane, je me décide à m'arrêter pour vider le bidon d'essence qui est encore accroché sur me moto. Il était là pour le cas où le nombre de stations service se ferait trop nombreux, mais le risque que cela arrive semble être devenu à peu près nul. En plus, les températures augmentent au fur et à mesure que nous descendons de plus en plus au Sud, et garder un bidon d'essence fermé dans les chaleurs que nous aurons sûrement bientôt n'est certainement pas une grande idée. Nous bataillons un bon moment avec le système de sécurité (débile) du tuyau du jerrycan, avant qu'un automobiliste qui nous voit lutter ne vienne nous aider. Il nous amène un vieux magazine roulé, et l'insère dans le goulot du réservoir, nous permettant ainsi de vider directement le jerrycan sans utiliser le tuyau.

A Shelby, un immense drapeau américain de plusieurs mètres de côté trône au sommet d'une colline et nous confirme que nous sommes bien revenus. Le paysage est toujours fait de plaines, et les portails de ranch se succèdent au bord de la route.




Alors que nous nous approchons de Great Falls, la moto d'Aurore commence à avoir des ratés sur l'autoroute. A plusieurs reprises, les gaz se coupent pendant deux ou trois secondes à la fois, avant de reprendre. Nous nous arrêtons sur la bande d'arrêt d'urgence, et je cherche à voir s'il y a une fuite d'essence quelque part, mais ça ne semble pas être le cas. Mais cela continue encore toute la dernière heure de route, jusqu'à ce que nous arrivions dans l'allée qui mène à la maison de notre hôte de ce soir. Alors que nous nous y garons, ce dernier nous fait signe de venir poser les motos devant son garage. La moto d'Aurore ne démarre alors plus du tout, et nous sommes obligés de la pousser sur ces quelques mètres.

Notre hôte, Jeff, est visiblement motard et s'y connaît un peu. De plus, il a tous les outils nécessaires dans son garage. Nous essayons d'atteindre les bougies pour voir s'il y a un problème de ce côté-là, mais sur la BMW elles sont quasi-inaccessibles. Jeff nous aide, mais à nous trois, nous n'avons vraiment pas d'idée valable, si ce n'est la possibilité qu'une saleté soit venue dans le réservoir d'essence, au moment de vider le jerrycan. Après une heure à essayer de trouver, nous remontons tout, et j'essaie de démarrer le moteur : il part sans souci... Toujours ça de gagné, même si nous n'avons aucune idée de ce que nous avons bien pu faire pour que cela aille mieux. Nous irons demain trouver un garage pour voir si nous pouvons y obtenir un peu d'aide. Jeff nous en indique plusieurs, et nous conseille d'aller chez l'un d'entre eux en particulier. En attendant, il nous offre gentiment de partager son repas et nous dinons ensemble sur la magnifique terrasse de sa maison, avec vue sur les plaines au Sud de la ville.

Au réveil, nous partons au garage Suzuki de Great Falls. Le patron de l'atelier est un ancien mécanicien BMW, mais il y a longtemps qu'il ne travaille plus chez eux. Malgré tout, voyant que nous sommes en voyage, il essaie avec l'aide d'un de ses mécanos de nous aider. Ce n'est pas un problème de bougie, mais ils n'arrivent pas à trouver quoi que ce soit qui cloche, eux non plus. D'ailleurs, la moto est encore repartie au quart de tour ce matin, et n'a pas fait d'histoires jusqu'au garage. Le chef nous propose de rouler et de nous arrêter dès que possible dans un garage BMW pour la brancher sur l'ordinateur et voir s'il y a quelque chose d'anormal. C'est le problème, avec ces motos : tant qu'elles vont bien, tout est parfait, et dès qu'il y a un souci, il faut presque toujours les amener chez le concessionnaire pour les brancher..

Le garage BMW le plus proche est à Missoula, à trois heures de route vers l'Ouest, c'est-à-dire pas du tout là où nous allons. Alors tant pis, nous allons rouler comme prévu vers Yellowstone, et espérer que la moto tienne jusqu'à Salt Lake City.

Friday, September 20, 2013

Dernières heures au Canada

Lundi 26 août

Le soleil est pleinement au rendez-vous aujourd'hui après les averses des derniers jours. Après Banff, la route longe encore pendant quelques kilomètres les Montagnes Rocheuses avant de nous offrir notre premier changement de décor depuis un long moment. L'Alberta est aussi une région de prairies, et les gens nous ont avertis : "Ne passez pas par là, il n'y a que des routes plates et toutes droites, vous allez vous ennuyer!". A chaque fois, nous leur répétons que ça fait deux mois que nous traversons la forêt, et que nous ne sommes pas contre un peu de changement.



Les routes sont effectivement toutes droites et à mesure que nous quittons la protection des arbres, les vents commencent à apparaître. Heureusement, rien de trop violent pour le moment et nous profitons du soleil jusqu'à la pause de midi, dans le petit village de Black Diamond. Nous garons les motos au bord de Main Street, et alors que nous descendons de moto, Aurore me regarde avec un sourire en coin. Juste derrière nous se trouve en effet un petit barber shop, et après bientôt deux mois de route, une visite commence à s'imposer.




A quelques pas, nous nous arrêtons déjeuner dans un petit diner à la déco très années cinquante, Marv's Classic Soda Shop. A l'intérieur, les murs sont couverts de photos de Marylin, Elvis, James Dean et autres mythes de l'époque. Plusieurs couples de retraités entrent peu après nous, et vont tour à tour choisir leur morceau préféré sur le jukebox. Nous accompagnons le repas de milk shake et terminons par une gigantesque glace à la couleur électrique.


Nous arrivons en fin de journée à Lethbridge : nous y avons contacté des hôtes potentiels, mais sans WiFi, nous n'avons pas encore pu avoir leur réponse. Nous nous mettons donc à la recherche d'une connexion, mais contrairement à l'habitude, les supermarchés n'en proposent pas. Il est finalement 19h30 lorsque nous trouvons un McDonald's : comme quoi les fast-foods ça peut être utile! Nous arrivons donc un peu tard chez Amber et Evan, qui nous ont gentiment gardé les restes de leur dîner, des crevettes au curry. Nous sommes leurs premiers visiteurs! Ils nous accueillent dans leur grande maison, dans laquelle ils viennent d'emménager, et nous présentent à leur chat, et à leurs deux grenouilles, dont l'une se fait une joie de faire une petite sieste sur mon pied! (Pas de photo, sniff!)

Tuesday, September 17, 2013

Jasper et Banff

Samedi 24 août

Nous décidons finalement de rester une nuit de plus à Jasper. L'endroit a l'air magnifique, et nous n'avons presque pas eu le temps de voir quoi que ce soit. Nos amis de la veille nous ont convaincus d'aller nous promener du côté de Maligne Lake. Au réveil, nous allons donc nous annoncer pour une nuit de plus à l'accueil du camping, où la ranger nous apprend que des ours se sont promenés dans le coin cette nuit. Nous n'avons rien entendu, mais il faut dire que le camping est gigantesque, avec plus de 750 sites, alors il est bien possible qu'ils ne soient tout simplement pas passés par chez nous - ce qui est sûrement mieux. En route vers les douches, par contre, une femelle wapiti traverse tranquillement le chemin devant nous, à quelques mètres à peine.

En route vers le lac Maligne, nous nous arrêtons pour une petite marche au canyon qui porte le même nom. Plusieurs ponts le traversent et nous donnent l'occasion de voir les eaux en-dessous. La rivière ressurgit en fait de terre à la sortie d'une série de tunnels qui commencent quelque part au fond du lac Medicine, une quinzaine de kilomètres plus haut. Ce lac est alimenté par la rivière Maligne, qui commence au lac Maligne, un peu plus haut, et est en fait une sorte d'élargissement de la rivière où l'eau disparaît dans le sol avant de ressurgir au canyon. Le niveau du lac varie par conséquent de près de 20 mètres au cours de l'année, en fonction de l'époque de l'année, et en cette fin de mois d'août, l'eau a tellement filtré à travers le fond que de petits îlots apparaissent.





Le soir, nous rejoignons nos amis pour un barbecue auquel ils nous ont invité, et nous partageons nos découvertes de la journée. Ils voyagent dans un ancien autobus qu'ils ont transformé en un RV, qui avec son air des années 50 a un style bien plus sympa que les monstres que nous croisons tous les jours. Nous restons un bon moment au coin du feu, mais la fatigue commence à se faire sentir, et nous prenons congé pour aller nous coucher.

Le réveil est rude, car la pluie est au rendez-vous. Rien à faire, tout est mouillé, et le départ est donc lent et difficile. Etre trempé avant même de prendre la route, ça ne facilite pas la vie, et nous allons nous poser un moment dans un café pour essayer de nous sécher et de nous réchauffer un peu avant de partir. Le temps se calme un peu, et il semble en fait que nous soyons partis pour une journée d'averses importantes, mais de courte durée. Nous nous dirigeons vers le Sud, en direction de Banff. En fin de matinée, un nouvel attroupement au bord de la route nous signale qu'il se passe quelque chose.



La Icefields Parkway, que nous suivons, tient son nom des nombreux glaciers auprès desquels elle passe, et notamment le glacier Columbia, près duquel nous faisons notre pause de midi, alors qu'une nouvelle forte averse arrive. En quelques minutes, on passe d'un beau ciel bleu à une quasi-tempête, avant de revenir au bleu. Outre les glaciers, la route passe près de lacs d'un bleu si intense qu'on en a du mal à croire ses yeux.







Après une petite pause à Lake Louise - mais pas de ski, sniff - nous arrivons à Banff. La ville est très touristique, presque un peu trop. Dans la rue principale, difficile de trouver autre chose que des magasins de souvenirs. Pas de magasins d'habits, presque pas de cafés, bars ou restaurants, pas même vraiment de magasin d'articles de ski! Dommage, car l'endroit est très joli, mais tout ça manque un peu d'authenticité. Nous trouvons tout de même un steak house, qui nous sert d'excellents pavés de bœuf (eh oui, on se fait plaisir...). Demain, ce sera changement de décor, après presque 2 mois de forêt quasi ininterrompue.

Thursday, September 12, 2013

En route pour Jasper!

Vendredi 23 aout

Aujourd'hui nous nous dirigeons vers Grande Cache et rejoignons donc l'Alberta, la dernière province que nous traverserons au Canada avant de retourner aux USA. Cette ville n'est qu'une étape, car nous ne pouvons pas rejoindre Jasper sans avoir à faire d'étape

Nous traversons des paysages différents, faits de champs et de prairies, ce qui nous change agréablement de toutes ces montagnes et ces forêts que nous avons tant vu ces derniers temps! Le midi, nous nous arrêtons à Grande Prairie et reprenons nos vieilles habitudes : nous achetons un sandwich et des fruits avant de trouver un parc pour manger. Pendant cette pause, nous sommes témoins d'une séance photo qu'une mère fait subir à ses enfants, tantôt au bord de la rivière qui longe le parc, tantôt sur un vieux tronc d'arbre couché. Alors qu'ils n'ont qu'une envie, c'est d'aller jouer, elle les force à poser pour avoir la photo parfaite.

Nous reprenons ensuite notre route et retrouvons la forêt. Ca faisait longtemps! La route aujourd'hui n'est pas passionnante. Elle se termine par un col, car Grande Cache se trouve en haut d'une grande colline, et nous arrivons chez nos hôtes de ce soir sous un orage commencé il n'y a que quelques minutes heureusement.

Nous arrivons au Bed and Breakfast où nous avons réservé assez tôt, et j'en profite pour me reposer un moment car la fatigue commence sérieusement à se faire sentir physiquement. Pendant ce temps, Franci descend pour faire acte de présence et m'excuser auprès de nos hôtes de la nuit. Deux heures plus tard nous allons au centre ville pour le souper et rentrons nous coucher assez tôt. Je m'endors assez rapidement tandis que Franci veille, et vers 23h30, un monsieur ouvre la porte de notre chambre sans même frapper, et nous demande si tout va bien. Franci lui répond d'un oui étonné, et l'homme referme la porte. Franci en profite alors pour verrouiller la porte, pour éviter d'avoir une nouvelle irruption cette nuit.

Le lendemain matin, un petit déjeuner nous attend, avec au menu des crêpes, de l'omelette, des spaghettis (intéressant pour le petit déjeuner), des cakes, des céréales et tout un assortiment de boissons froides et chaudes. C'est bien la première fois que nous avons droit à un petit déjeuner aussi varié et copieux en passant par AirBnb! Nous croisons aussi l'homme d'hier soir, et comprenons qu'il s'agit d'un des autres clients qui s'est probablement trompé de chambre.

Nous empaquetons nos affaires comme presque tous les jours depuis le début du voyage, chargeons les motos et partons pour le parc national de Jasper ou nous dormirons les deux prochaines nuits.

Franci ne se sent pas très bien ce matin, nous espérons que ca passera rapidement. Nous nous arrêtons sans avoir eu le temps de quitter Grande Cache, car le micro de Franci ne marche de nouveau plus. En effet, les câbles reliant les écouteurs à l'intercom sont dessoudés, et du coup Franci n'entend plus quand je lui parle. Et nous ne pouvons pas réparer nous-mêmes. Nous chercherons un réparateur quand nous serons à Salt Lake City, la prochaine ville. Après quelques minutes à s'énerver et à pester contre l'électronique, nous voilà repartis sur nos motos.

Nous n'avons pas beaucoup de route à faire aujourd'hui, et arrivons à l'entrée du parc pour la pause de midi. Nous en profitons pour aller aux sources thermales de Miette pour manger et nous baigner. Nous sommes un peu déçus en arrivant, car les sources ne sont pas dans un bassin naturel comme les précédentes, mais plutôt dans une grande piscine. Nous nous baignons cinq minutes mais avec le soleil et la chaleur de l'eau il est difficile de rester longtemps dans le bassin. Nous allons alors trouver une table et commander à manger. Le soleil en profite pour se cacher derrière un nuage et quelques gouttes commencent à tomber. Nous rentrons alors à l'intérieur du café, mais ça ne restera qu'une petite averse, vraiment pas grand chose. Franci ne se sent toujours pas très bien, mais la soupe qu'il a demandée passe bien quand même.

Nous repartons ensuite pour le camping, et bientôt les voitures devant nous ralentissent et roulent au pas, signal qu'il y a quelque chose à voir, En effet, deux wapitis sont en train de se battre à coup de cornes, situation typique pendant la saison des amours. De nombreuses personnes sont sorties de leur voitures et s'approchent dangereusement pour prendre des photos, inconscients des risques qu'ils prennent. Un peu plus loin, nous longeons un lac qui est si peu profond que l'eau arrive à peine au dessous du genou des personnes qui vont se tremper les pieds. Nous nous arrêtons pour les regarder et pour admirer le magnifique paysage qui s'offre à nous.







Nous repartons ensuite et arrivons rapidement au camping. Arrivés à notre emplacement, nous commençons à mettre en place la tente quand un RVer vient nous apporter deux bières, gentille attention qui est la bienvenue, surtout après avoir fini d'installer notre campement. Il repasse une demi-heure plus tard, de retour avec sa femme et un ami, et nous leur proposons de s'asseoir quelques minutes pour discuter de notre voyage et du leur. Nous en profitons pour les remercier de nous avoir offert ces bières, et sur leurs conseils, allons manger dans un restaurant italien à Jasper, qui fait des plats de pâtes délicieux.

Sunday, September 8, 2013

Alaska Highway (fin) - retour à la civilisation

Après une si belle journée, nous ratons un peu tout le soir... Nous montons la tente avec difficulté dans la nuit, impossible de faire du feu car le camping ne nous a donné que de grosses bûches mouillées par la pluie des derniers jours, et nous nous trompons dans les doses pour notre nourriture déshydratée, ce qui aboutit à une espèce de bouillie qui semble avoir déjà été digérée... Heureusement, la nuit se passe plutôt bien, et nous reprenons la route reposés et tout de même de bonne humeur après la belle journée d'hier.

Les 450 derniers kilomètres ressemblent aux 2000 précédents, si ce n'est que l'on voit à l'approche de la fin (ou plutôt du début, puisque les miles sont indexés depuis Dawson Creek), que les habitations et les infrastructures se font de plus en plus nombreuses. Comme souvent depuis quelques jours, le sommeil me gagne après le déjeuner. Il faut dire que le Buck Breakfast, que j'ai pris comme brunch au Buckinghorse Lodge, n'a rien fait pour aider : tellement énorme qu'il vient sur deux assiettes! La petite sieste est en train de devenir une habitude (Aurore m'appelle papy...).

Nous arrivons à Dawson Creek, le Mile 0 de la Alaska Highway, en fin de journée. Les bâtiments d'époque ont été conservés ici pour rappeler le bouleversement subi par la ville dans les années 30 et 40. Tout d'abord, la ville devint le terminus Ouest des chemins de fer, et l'office du tourisme est aujourd'hui installé dans ce qui constituait alors la gare. Dix ans plus tard, l'armée américaine fit de Dawson City la plateforme de transfert de tous les envois de matériel vers l'Alaska, tandis que le raffinage du pétrole qui faisait le chemin inverse se développait. Mais la ressource principale de la région reste encore aujourd'hui l'agriculture. Nous arrivons en effet bientôt dans les plaines de l'Alberta, et la fabrique d'élévateurs de grain est certainement le bâtiment le plus visible de Dawson Creek. Mais la vraie attraction pour les touristes, c'est plutôt le marqueur du point de départ de la construction de la route que nous venons de parcourir ces 5 derniers jours.


Tellement fatigués qu'on n'arrive même plus à tenir l'appareil droit!

Wednesday, September 4, 2013

Liard River Hot springs

Mercredi 21 août

Hier soir, nous n'avons pas eu le temps de nous attarder dans la forêt de panneaux, attraction première à Watson Lake. Nous y allons donc après notre petit déjeuner. Cette forêt a débuté en 1942 par les militaires qui construisaient la  Alaska Highway, pour indiquer la ville d'où ils provenaient. Aujourd'hui, il y en a un peu plus de soixante seize mille!



Nous continuons ensuite notre route sur la Alaska Highway. A un moment donné, nous apercevons au loin une tâche noire sur le bas-côté. En nous approchant, nous voyons qu'il s'agit en fait d'un bison, qui marche tranquillement le long de la route en sens inverse. Nous ralentissons au passage, mais exposés comme nous le sommes, nous préférons être sûrs d'être à bonne distance pour nous arrêter.


Dans les kilomètres qui suivent, nous rencontrons plusieurs troupeaux.




Finie cette jolie pause photo/vidéo, nous reprenons notre route avant de nous arrêter pour déjeuner et refaire le plein des motos. Après un hamburger de bison pour Franci (et il a pas honte en plus! Pauvres bêtes), et un breakfast pour moi, pour changer des burgers et autres sandwichs toujours à la carte, nous allons aux Liard River Hot Springs, des sources chaudes dont les bassins ont été conservés sous forme d'étang naturel. La température du  premier bassin est de 40°C. C'est difficile d'y rester longtemps, mais il y a un deuxième bassin à côté à une température plus agréable.




Un bon bain chaud après plusieurs jours de route sans interruption, ca remonte le moral. Nous ne pouvons malheureusement pas rester ici toute l'après-midi, car nous voulons rejoindre Fort Nelson pour dormir. La route traverse le parc provincial de Muncho Lake. Elle parcourt le fond d'une vallée entre des montagnes qui nous surprennent après toutes ces zones de forêts plates.

Le long de la route nous rencontrons de nouveau des bisons, mais pas seulement. Le bruit de nos motos perturbe un loup pendant sa recherche de nourriture, un ours pointe son nez par dessus un muret à notre passage, et sur une courte portion de la montée au Summit Pass, col le plus haut de la Alaska Highway, des caribous et des mouflons se promènent sur la voie. Les mouflons ne craignent pas de s'approcher d'un couple sorti de sa voiture pour quémander un peu de nourriture. Ils ne retournent dans les bois que parce qu'un camion arrive. Bref une belle fin de journée!




Nous arrivons le soir à Fort Nelson avec un joli coucher de soleil dans notre dos, et le lever de la pleine lune quelques instants plus tard.



Monday, September 2, 2013

Alaska Highway (suite)

Lundi 19 août

Nous repartons assez tôt aujourd'hui. Pas de douche, d'une part parce qu'il n'y en a pas au camping et que nous avons fait ce que nous avons pu avec le sauna hier soir (on pouvait prendre du savon et du shampooing avec soi, heureusement), mais surtout parce que si la météo reste favorable comme elle a l'air de l'être ce matin, nous avons 620 km à parcourir jusqu'à Whitehorse, de loin notre plus grosse journée depuis le départ. Nous arrivons à la frontière en milieu de journée. Le garde-frontière canadien est nettement plus sympathique que l'américain sur la Top of the World. La qualité de la route est par contre un peu inversée par rapport à l'aller, bien meilleure avant la frontière qu'après, où de nombreuses sections en graviers sur fond peu régulier se succèdent.

Pour déjeuner, nous nous arrêtons à Cook's Koidern River Lodge. Les Cook sont un couple qui continue de tenir ce petit magasin au bord de la route, d'y vendre de l'essence et quelques souvenirs, alors qu'ils doivent certainement avoir passé les 80 ans. Lui s'occupe de discuter avec les clients et de retenir son chien, qui doit être aussi vieux que lui en âge canin, mais un peu plus grincheux. Pendant ce temps, elle regarde ses séries à la télévision, le son au maximum, car elle n'entend visiblement plus très bien. Nous leur achetons de quoi pique-niquer sur leur porche, et avons le droit d'utiliser les toilettes parce que nous avons bien voulu faire le plein d'essence.

L'après-midi, nous continuons de rouler dans l'espoir de ne pas arriver trop tard à Whitehorse, mais nous faisons tout de même des pauses toutes les heures, comme d'habitude, car il fait frais malgré le soleil. Au bord du Kluane Lake, nous nous arrêtons pour une tasse de thé. La route suit le lac sur une bonne partie de sa rive Ouest, avant de le traverser sur une portion peu profonde et étroite entre les parties supérieure et inférieure, où un petit pont enjambe la sorte de détroit qui lie les deux. De l'autre côté, nous nous arrêtons sur une aire pour prendre quelques photos, et y trouvons un RVeur australien rencontré à Tok il y a deux semaines. Il nous propose une deuxième tasse de thé, que nous ne pouvons que refuser, de peur de devoir faire un arrêt supplémentaire par la suite, mais nous discutons un moment de nos tours respectifs. Eux aussi vont aller jusqu'à la côte Est : ils ont acheté leur RV ici pour ce voyage de plusieurs mois, et vont le laisser chez des amis à la fin de l'été pour revenir l'an prochain! Nous profitons ensemble de la vue et partageons nos histoires.


Les motos ont été lavées à Fairbanks, mais il reste encore une belle couche de poussière dessus. Rien à faire, si ce n'est relaver et frotter!
Nous arrivons à Whitehorse vers 20 heures, et n'avons pas encore d'endroit où dormir. Après une journée comme ça, un vrai lit nous fera du bien, et nous cherchons une chambre d'hôtel sur internet pendant que nous mangeons un morceau dans un fast-food - à défaut de bien manger, on y trouve au moins toujours du Wifi. Sur un site qui recense les hôtels, nous trouvons en fait un Bed and Breakfast que tient une dame d'âge moyen chez elle. Pamela semble vivre seule dans cette grande maison où trois chambres sont à disposition de clients, et s'occuper en même temps de services de spa, et même d'organiser des réceptions de mariage dans sa maison! Derrière celle-ci, pas de jardin à proprement parler, mais une immense terrasse en tek, avec de nombreuses tables et chaises d'extérieur, le tout entouré de fleurs dans de grands pots qui remplissent presque tout l'espace restant. Difficile de comprendre comment elle peut s'occuper de tout cela en même temps, mais elle reste tout à fait disponible, bien qu'elle ait l'air assez surprise de nous voir débarquer vers 21h, seulement quelques minutes après avoir réservé en ligne.

Le lendemain, nous sommes promis à la portion de route que nous avions fait en sens inverse il y a quelques semaines, entre Whitehorse et Watson Lake. La route nous est connue, et les lieux aussi. Nous nous arrêtons à Teslin, là où nous avions dormi à l'aller. Il faut dire que sur la Highway, il n'y a pas beaucoup d'options. C'est aussi ce qui en fait le charme : on roule sur des centaines de kilomètres et on ne voit que quelques voitures, mais tout le monde est obligé de s'arrêter au même endroit, et on se croise puis se recroise dans de petits restaurants ou hôtels qui sont par conséquent toujours bien vivants et occupés.

Watson Lake est un bon exemple de cela. Comme d'autres dans la région, cette petite ville (moins de 1000 habitants, mais pour le Yukon, c'est une ville) a perdu une partie de sa population lorsque les mines d'amiante comme celle de Cassiar ont fermé, mais elle subsiste aujourd'hui notamment en tant que point de chute pour les routiers et les touristes de l'Alaska Highway. Nous avons d'ailleurs du mal à y trouver un lit! Il ne reste plus qu'une chambre à l'Air Force Lodge. Son nom provient du fait qu'il s'agit d'anciens baraquements mis en place lors de la seconde guerre mondiale pour servir aux aviateurs basés dans la région pour protéger l'espace aérien Nord-Américain. Il y a une quinzaine d'années, un allemand tombé amoureux de la région a fait déplacer ces préfabriqués qui n'avaient plus été utilisés depuis, tout retapé, et ouvert ce motel. Il nous accueille chaleureusement, et nous tient la jambe un long moment, car il est passionné de moto lui aussi. En bon allemand, il en connaît un rayon sur les BMW, mais il semble aussi être très au courant des petites habitudes des employés des compagnies de transport de fret. Après lui avoir expliqué nos soucis d'embrayage du début du voyage, il est convaincu que des employés à San Francisco se sont amusés à les sortir et à faire un tour avec. Nous avons un peu de mal à y croire, mais en même temps, nous n'avons toujours pas de meilleure explication...

Nous arrivons péniblement à nous extirper de cette conversation, non pas qu'elle soit désagréable, mais nous voulons aller visiter le Northern Lights Centre, le musée de Watson Lake qui sert de centre d'information sur les aurores boréales. Nous y trouvons encore une fois notre ami australien, et la discussion reprend. Après quelques minutes, nous sommes invités à entrer dans la salle de cinéma en forme de dôme. Deux films se succèdent : un premier, pas très réussi (c'est le prof de physique qui parle), sur l'Univers. Difficile de comprendre ce qu'il vient faire là, car la partie qui concerne les aurores - l'interaction entre les vents solaires et l'atmosphère terrestre - n'est pas du tout abordée. Le deuxième traite plus directement des aurores, et suit un groupe d'observateurs tout en expliquant leur démarche. Le tout est évidemment accompagné de magnifiques images projetées sur le dôme. Ce n'est bien sûr pas la même chose que de le voir en vrai, mais ici, en plein été, il fait encore presque jour à minuit, alors les aurores... Nous sortons à près de 22h, sans avoir rien mangé. Tout est fermé en ville, et nous devons nous contenter de nos sachets de nourriture lyophilisée, accompagnés d'une boîte de maïs et d'une autre de pêches au sirop, le tout dans notre chambre d'hôtel à deux lits simples. Nous savons que dans quelques jours nous reviendrons au camping ou à des chambres plus confortables, alors le diner rudimentaire dans la chambre ne passe finalement pas si mal.