Tuesday, October 15, 2013

Arches National Park

Jeudi 5 Septembre

Nous n'avons en effet qu'un peu moins de deux heures de route à faire aujourd'hui. Le paysage est encore une fois aride, de grandes plaines de poussière grise couvertes de petites touffes d'herbes jaunies, et tout à coup, sortant de terre, de grandes arêtes de roche grise. A mesure que nous descendons de plus en plus au Sud, les températures montent, et nous sommes déjà obligés de chercher de l'ombre lorsque nous faisons notre première pause, peu après onze heures. Sur une aire de bord de route, les petits buissons n'en offrent pas vraiment, et c'est grâce à un RV presque aussi grand qu'un bus que nous en trouvons : les passagers en sont descendus, et restent à l'ombre eux aussi, alors comme souvent nous discutons quelques minutes. Un pick-up transformé en RV arrive à son tour : il est couvert d'autocollants à la gloire de l'armée, de Dieu, et du deuxième amendement. Un trio qui va souvent ensemble ici, mais qui me paraît toujours si incompatible... Eux ne s'arrêtent pas dire bonjour, ils se sont juste arrêtés faire une pause pipi, le gigantesque verre de soda (il doit faire au moins un litre et demi) que l'on peut voir entre les deux sièges n'ayant pas dû aider.



Nous arrivons en milieu de journée au camping que nous avons appelé le matin-même, et plantons avec difficulté la tente dans le sol dur comme de la pierre. Avec un peu d'eau, et beaucoup d'effort, nous finissons par réussir à creuser de petits trous où enfoncer les piquets. Le cadre est grandiose, car depuis quelques kilomètres, les mesas se sont teintées de rouge, et tranchent nettement avec le fond bleu du ciel.


Nous avons l'après-midi pour partir explorer le parc national des Arches. La route qui descend vers l'entrée du parc traverse déjà un canyon magnifique. Une fois dans le parc, la route s'élève pour remonter vers la plateau qui surplombe la vallée. Elle se poursuit sur 17 miles jusqu'à un cul-de-sac, et les arches et autres curiosités géologiques s'enchaînent le long du chemin.




Park Avenue





Balanced Rock

Il fait très chaud...

North Window
Une jeune femme se cache dans cette photo, sauras-tu la retrouver?





Turret Arch


Tout au bout de la route, enfin, un point d'eau pour remplir les gourdes



Delicate Arch



Nous sortons du parc à la nuit tombée, et allons jusqu'à Moab pour aller chercher de quoi faire un barbecue au camping. Le feu a du mal à prendre, mais il fait bon, et nous restons à apprécier la soirée dans la lumière des lampes frontales, accrochées aux branches d'arbre juste au-dessus de nous.


Friday, October 11, 2013

Etapes de transition...

Lundi 2 Septembre

Nous quittons Jackson ce matin sous la pluie. En fait, c'est même un déluge : en quelques minutes, nos habits de moto en Gore-Tex prennent l'eau et nous nous retrouvons les jambes trempées. Au bout de quarante minutes, la météo se calme un peu, mais le soleil ne perce pas encore, et nous avons froid. Heureusement, maintenant que le gros est passé, nous pouvons apprécier les canyons que nous traversons. Nous arrivons en Idaho, mais à en croire les noms des villages, on se croirait revenus en Europe : Geneva, Montpelier, puis Paris.

Après déjeuner, le soleil sort enfin, et nous en profitons pour nous réchauffer gentiment. En nous approchant de Salt Lake City, les premières falaises de roche rouge, typique des parcs que nous allons visiter dans les prochains jours, bordent la route, et créent des vallées dans lesquelles la chaleur nous force pour le coup à enlever toutes les couches de vêtements que nous avions enfilées ce matin.

Nous ne restons que deux nuits à Salt Lake City, et la journée entre les deux est bien chargée. Nous courons à gauche et à droite dans toute la ville, avec une seule moto pendant que celle d'Aurore est au garage. Mon oreillette est à nouveau en panne, et malgré les efforts d'un très gentil technicien chez CPR (Cell Phone Repair), il semble bien que cette fois ci, ce soit la fin pour elle. Nous en trouvons une nouvelle d'occasion chez BMW, mais les mécanos n'ont malheureusement pas réussi à reproduire les problèmes des derniers jours sur la moto d'Aurore.

Nous quittons la ville le lendemain, sans l'avoir réellement visitée, mais les visites intéressantes sont à venir de toute façon, à commencer par le Grand Lac Salé. Initialement, nous aurions aimé aller jusqu'aux Bonneville Flats, cette étendue de sel parfaitement plate, sur laquelle les records de vitesse terrestre sont régulièrement battus, mais faute de temps, nous nous arrêtons au Saltair, une ancienne station balnéaire désaffectée, rénovée et transformée en salle de concert. Il nous faut un bon quart d'heure de marche pour atteindre le lac lui-même, en slalomant entre les flaques d'eau.



Nous reprenons la route, cette fois-ci en direction du sud-est, pour prendre de l'avance sur le chemin des parcs nationaux. En arrivant à Springville, nous voyons arriver dans la vallée sur notre gauche un bel orage, qui promet d'être assez violent. Des éclairs illuminent déjà les nuages noirs à quelques kilomètres de nous, alors qu'au-dessus de nous le soleil brille et le ciel est encore bleu. Nous nous réfugions juste à temps dans un Starbucks, alors que les employés sont en train de ranger et d'accrocher précipitamment les chaises de la terrasse. Une heure plus tard, la tempête est passée et le beau temps est revenu.



Nous arrivons le soir à Price, qui est assez proche du parc national des Arches, ce qui nous laissera une bonne partie de la journée demain pour commencer à l'explorer.

Friday, October 4, 2013

Yellowstone

Vendredi 30 août

Difficile de décrire la beauté des paysages et les émotions ressenties pendant ces deux jours inoubliables. Le parc comporte deux routes en boucles, l'une au-dessus de l'autre, qui forment un 8. Vendredi, nous explorons la boucle Nord, et samedi celle au Sud, puisque c'est toujours dans cette direction que nous irons par la suite. Les deux jours sont très remplis, car on pourrait en fait rester ici trois, quatre jours, ou même plus. Animaux, paysages, geysers ou autres, nous nous arrêtons presque à chaque virage pour admirer quelque chose de nouveau et d'inattendu. Il serait trop long de tout raconter, alors pour une fois, ce sont surtout les photos et les vidéos qui vont essayer de le faire, du moins pour ce que nous avons réussi à capturer de cet incroyable endroit.

Tower Fall
Petrified Tree
Deux "Mule deer", des cerfs mulets
Un voyageur à vélomoteur, animal très rare!
Nous le recroisons plus tard, il est venu de la région de Seattle!
Mammoth Hot Springs
Des herbes aquatiques forment une sorte de gazon sur l'eau...
Des geysers de Norris Basin

Promenade sur Norris Geyser Basin
Grand Canyon of the Yellowstone River


Il y a tant à voir que nous n'arrivons pas à terminer toute la boucle supérieure en une journée. Nous décidons de revenir à Norris Geyser Basin le lendemain, et nous dirigeons vers le camping de Bridge Bay, où nous allons dormir ce soir. Le temps d'arriver, il fait nuit noire, et nous décidons, après nous être enregistrés auprès des rangers du campement, d'aller chercher à manger avant que les derniers endroits ne ferment. Il est 21h30, et nous avons de la chance de trouver le lodge de Bridge Bay encore ouvert, car les services ont tendance à fermer assez tôt.

De retour au campement, nous montons la tente sous un ciel magnifique, dans lequel on distingue nettement la trace blanche de la Voie lactée. Le sol n'est pas très plat, mais ce n'est pas ce qui nous empêche de dormir : les voisins, un autre couple de motards plutôt jeunes, ont décidé de passer la soirée à boire des bières en attendant que leur repas préparé au réchaud soit prêt. Ils discutent à voix haute, et la tente n'offre aucune insonorisation. Ils discutent sans cesse depuis une bonne demi-heure, quand un grognement se fait entendre. De la tente, nous ne voyons évidemment rien, mais cela ressemble fort au grognement d'un bison.

Nos deux collègues ont baissé d'un ton, et échangent un ricanement nerveux. Le bison est sans doute tout près d'eux, et ils ne savent pas très bien comment se comporter. De notre côté, pas le temps d'essayer de sortir de la tente (et pour quoi faire, de toute façon?), que le sol se met à trembler sous nous. Tout un troupeau est en train de se ruer à travers le camping, et de passer tout près de nous! Nous entendons le martèlement des sabots sur le chemin goudronné, qui ne peut pas se trouver à plus de 3 ou 4 mètres de la tente, mais aussi le passage d'autres bisons dans l'herbe, probablement plus près de nous encore! En quelques secondes, tout le troupeau est passé, et des alarmes de voiture, pas loin de nous, se mettent en route, sans doute déclenchées par les vibrations dans le sol.

Je sors de la tente, pour demander à nos voisins ce qu'ils ont vu. Le premier bison est arrivé depuis l'autre côté du bâtiment des toilettes. Il s'est arrêté entre leur site et les toilettes, et a grogné deux ou trois fois, avant qu'une trentaine de ses collègues, d'après eux, ne déboule du même endroit et fonce droit sur leur campement, puis sur le nôtre, directement dans le prolongement de leur cavalcade. D'après nos voisins, le groupe s'est juste séparé pour éviter leur table et notre tente, avant de continuer de galoper vers la forêt. A cet instant, une nouvelle alarme de voiture retentit, plus loin dans le camping. Des voix s'élèvent, comme si nous allions avoir droit à un deuxième passage, mais heureusement, il n'en est rien.

Nous discutons encore quelques minutes, trop pleins d'adrénaline pour rester en silence. La nervosité et le froid m'imposent un tour aux WC, et à mon retour, Aurore est sortie de la tente, trop excitée elle aussi pour rester couchée dans la tente, malgré ce qu'elle m'a dit plus tôt juste après le passage des bisons. Tremblotants, un peu à cause du froid, un peu à cause de la tension, nous nous enroulons dans un de nos sacs de couchage, et nous asseyons pour parler un peu en regardant les étoiles. Voilà qui aurait pu mettre un terme bien tôt à notre voyage, mais alors, quelle histoire à raconter un jour à nos enfants et petits-enfants! "Oui papy, tu nous l'as déjà racontée 100 fois..."

Nous essayons de dormir et de récupérer un peu, car au réveil, une nouvelle journée bien remplie nous attend. Nous retournons à Norris Geyser Basin, avant de nous diriger vers le Sud, et Old Faithful, le geyser le plus fameux de Yellowstone, qui jaillit de façon brutale toutes les 1 à 2 heures environ. Encore des rencontres au passage, quelques suisses, dont des motards, qui aimeraient revenir l'année prochaine à moto, mais qui sont pour le moment en voiture. Hier déjà, nous avons rencontré des motards et sympathisé, l'un d'eux nous proposant même d'aller dormir chez lui quand nous serons à Salt Lake City, même s'il habite en fait 40 minutes en dehors de la ville.

Encore des animaux, mais surtout des geysers aujourd'hui, dont le fameux grand prismatique, que nous regretterons de ne pas avoir pu voir de plus haut, pour en admirer les couleurs.





 





Nous quittons le parc à contre cœur en fin de journée, et longeons le Teton Range, une chaîne de montagnes au Sud de Yellowstone, en direction de Jackson. 



Tuesday, October 1, 2013

Arrivée à Yellowstone

Mercredi 28 août

Nous aimerions entrer à Yellowstone en passant par le Beartooth Pass, un col  à plus de 3300 mètres d'altitude. Pour cela, il nous faudra certainement deux jours, et nous commençons aujourd'hui par la momtée plus modeste vers le Kings Hill Pass. La route 89 qui mène à ce col monte à flanc de coteau le long d'un canyon, et nous nous arrêtons un instant pour admirer le Sluice Boxes State Park, de l'autre côté de la vallée. Les indiens utilisaient autrefois ce type de plateau au bord d'un précipice pour garder leurs troupeaux de bisons. Lorsque le besoin se faisait sentir, ils en isolaient quelques uns avant de les pourchasser jusqu'à ce qu'ils basculent en bas de la falaise.


Après une pause en haut du col, où les installations de ski et le paysage nous rappellent le Jura, nous redescendons vers la plaine. Les longues lignes droites se succèdent, et un fort vent d'ouest nous oblige à lutter en penchant les motos à droite. A chaque pause et à chaque village, ce qui saute aux yeux en premier, ce sont les signaux lumineux annonçant des casinos - en réalité, des bandits manchots  occupent les bars, les restaurant et les stations services.

Nous nous arrêtons pour la nuit à Belgrade où Deb et John, quinous hébergent pour la nuit, nous donne de nombreux conseils et infos à propos de Yellowstone. Ils nous confirment que le Beartooth Pass vaut le détour (plus de 2h de route en plus).

Nous essayons donc de partir tôt le lendemain matin, bien que le temps de ranger et de charger les affaires sur les motos, il nous faut toujours au moins 2h entre la sonnerie du réveil et les premiers tours de roues. A Columbus, nous déjeunons au café qui tient également lieu d'office de tourisme. Nous y croisons pour la première fois un sheriff, qui se trouve être une "sheriffette", qui déjeune à la table d'à côté.

Après manger, nous nous attaquons aux premiers lacets du col, qui pour la première fois ressemblent à des cols européens. Alors que la plupart des cols que nous avons passés jusqu'ici sont faits de virages larges en pente douce, la route s'élève ici rapidement entre deux virages en épingle à cheveux.


A l'un de ceux-ci, un chemin le long d'une crête amène jusqu'à un promontoire, ce qui nous donne l'occasion d'admirer la vue, et à Aurore de sympathiser avec les habitants du coin.


Alors que nous avons passé la barre des 3000 mètres d'altitude, nous passons aussi une autre limite, celle qui nous sépare du Wyoming, le 6ème état que nous traverserons. Un couple d’Israéliens s'est arrêté comme nous et nous les retrouvons plus loin, au passage du col. Ils nous proposent à chaque fois un échange de photos.



Dans la descente vers le parc, nous nous arrêtons à un feu temporaire, au début d'une zone de travaux. Le feu rouge dure, et la discussion s'engage spontanément avec un motard arrivé juste après nous. Il voyage lui aussi, et le soleil se reflète presque aussi bien sur son crâne rougi que sur sa Harley blanche et la remorque qu'elle tracte. Il dit que ça lui va bien de rouler sans casque, que cela lui procure une sensation de liberté. Il ne s'embarrasse pas comme nous d'une sacoche de réservoir et transporte son appareil photo autour du cou, ce qui lui permet de prendre des photos même en roulant. Ah les européens et leur sécurité liberticide!

Juste avant l'entrée du parc, nous cherchons à savoir s'il nous faut faire le plein d'essence, ou si nous allons trouver des stations également à l'intérieur. Le visitor center de Cooke City nous rassure, et la dame nous offre même gentiment des autocollants pour nos bagages.

Dès l'entrée dans le parc, nous sommes accueillis! Une biche traverse la route devant nous, puis c'est un bison, beaucoup plus gros que ceux vus au Canada. Un peu plus loin, une deuxième biche, puis tout un troupeau de bisons, qui paissent tranquillement de l'autre côté de la rivière qui longe la route.



Un peu plus loin, l'attroupement au bord de la route est cette fois-ci pour une demi-douzaine d'antilopes d'Amérique. Peu après, c'est pour un nid de ospreys (balbuzards en français) que les gens sont rassemblés au bord d'un canyon. Un homme bien préparé nous invite gentiment à utiliser sa longue-vue braquée sur le nid où deux jeunes oiseaux attendent le retour de leur mère.




Mais ce sont vraiment les bisons qui sont les plus présents ce soir. Dans la plaine de Lamar Valley, dans le coin nord-est du parc, nous traversons une immense prairie entourée de toutes parts de montagnes. Au loin, dans le soleil couchant, ils ne sont que de petits points noirs, parsemés dans la vallée.





Avant d'arriver au camping de Canyon Village, nous croisons une voiture de ranger, qui nous fait des appels de phares. Nous ne comprenons pas tout de suite, mais après le virage suivant, un coyote à l'air perdu et apeuré est en train de trotter sur la route. Il s'enfuit en nous entendant arriver, mais il suit la route plusieurs secondes avant de bifurquer enfin en direction des arbres. Nous atteignons le camping à la nuit tombée, mais après une journée pareille, monter la tente dans le noir ne pose pas de souci.