Monday, December 30, 2013

Monument Valley

Nous reprenons la route sous un ciel couvert ce matin : si les couleurs des paysages ne sont pas aussi vives, il fait au moins nettement moins chaud qu'hier. Nous passons à côté de quelques villages Navajo, mais il n'y a pas un chat à l'extérieur. La route est excellente, ce qui nous repose après la journée difficile d'hier. Les paysages de roche rouge, dans cette région qu'on appelle "Valley of the Gods", et qui est une sorte d'avant-goût de Monument Valley, sont si majestueux qu'on comprend tout à fait le choix de ce nom.





A Mexican Hat, une petite communauté qui tire son nom d'un drôle de rocher en forme de sombrero à l'envers au sommet d'une colline, nous traversons la San Juan River, un important affluent du Colorado. Quelques kilomètres plus loin, au passage d'une colline, les monuments apparaissent au loin. Au milieu d'une immense plaine, ces géants sont visibles à des dizaines de kilomètres à la ronde, et deviennent de plus en plus imposants à mesure que l'on s'en rapproche.




Nous arrivons à proximité du parc à un croisement. Il est l'heure de manger, alors plutôt que de tourner à gauche vers le parc lui-même, nous partons à droite vers le complexe touristique. Ici, on n'est pas dans un parc national, et des entreprises privées sont donc venues s'installer pour profiter de l'attrait provoqué par le site. De grands hôtels-restaurants, des Bed and Breakfast et même une piste d'aéroport : la communauté Navajo qui gère le parc et ses environs n'a pas grand chose à voir avec les petits bleds paumés traversés il y a quelques heures.

Au Goulding's Lodge, une grand bâtiment construit au pied de la falaise, nous sommes tout de suite abordés par des touristes qui viennent de descendre de divers autocars. Des japonais insistent pour faire une photo avec nous à côté des motos, une allemande et des italiens veulent savoir comment nous avons atterri ici, et si, vraiment, nous avons bien fait venir les motos depuis la Suisse. Nous avons un peu l'impression d'être une curiosité de plus, mais ils sont tout de même très sympathiques, et c'est comme toujours agréable de rencontrer quelques personnes au passage. Nous nous installons à une table pour deux, alors qu'à côté de nous, les groupes de voyages organisés débarquent un peu comme du bétail, par cinquantaines, au rythme de l'arrivée des bus. Il y a beaucoup de bruit, on se croirait un peu dans une cantine de station de sport d'hiver, bien que le menu n'ait rien à voir, essentiellement composé de plats Navajo que nous considèrerions comme mexicains.

Dans le même complexe, un magasin de souvenirs vend toutes sortes de petits artéfacts fabriqués dans le style local, principalement des poteries, des tapis, et de petites marionnettes. Certains sont jolis, et semblent effectivement avoir été faits à la main, mais le prix de la livraison à l'étranger est plutôt prohibitif.

Nous retraversons la Route 163 pour atteindre l'entrée du parc. Un panneau nous avertit : la route ici n'est qu'un chemin de sable et de terre, et on conseille de ne pas s'y aventurer à moins d'avoir un véhicule tout-terrain. On dit souvent qu'après une chute à cheval, il faut tout de suite remonter en selle, alors nous y allons : ce sera l'occasion de se remettre en confiance rapidement (enfin je l'espère). Un énorme bâtiment, qui sert de restaurant, de magasin de souvenirs et d'hôtel, marque la fin de la route goudronnée et le début du chemin de 27 kilomètres qui permet d'explorer la plaine. Dès le début, on entre dans le vif du sujet avec une jolie descente sur un terrain très accidenté.



Cette fois-ci, pas d'acrobatie, nous descendons très lentement, d'autant qu'il est particulièrement difficile de freiner sans déraper sur cette surface bosselée et couverte d'une couche de poussière. Les voitures devant nous vont encore plus lentement, et il faut d'ailleurs régulièrement les laisser prendre de l'avance avant de nous remettre en marche, pour éviter d'avoir à donner le moindre coup de frein. Nous sommes obligés de nous focaliser complètement sur la route, mais nous nous arrêtons au bord du chemin aussi souvent que possible, car le spectacle à côté de nous est extraordinaire.




Nous ne voyons pas d'autres motos sur la piste. Les gens nous regardent encore une fois comme des animaux bizarres, plein d'étonnement, mais quelque fois aussi l'air impressionnés. En fait, c'est vrai qu'il n'y a ici que des 4x4 qui circulent, en dehors des grands bus aux flancs ouverts sur lesquels s'entassent les touristes n'ayant pas voulu s'aventurer avec leur propre véhicule. Les rares voitures parviennent pour l'instant à s'en sortir, mais les nuages qui s'accumulent au-dessus de nous ne présagent rien de bon pour elles, et peut-être pas pour nous non plus, d'ailleurs.




Il nous faut une bonne heure pour parcourir les 6 km qui mènent au croisement, à partir duquel débute la petite boucle autour de Rain God Mesa. Ou plutôt, nous nous arrêtons à une cinquantaine de mètres du croisement. Pour y arriver, une petite montée, qui ne serait rien de bien terrible si ce n'était le fait que le sable semble tout à coup y être très profond. Nous allons à pied tester le terrain. Il est effectivement très souple, pas de base de roche ici. Les pneus des 4x4 s'y enfoncent et laissent des profondes marques. Nous pensons tous les deux qu'il serait possible d'y monter, en roulant doucement, mais la descente ne serait pas simple du tout, et une chute ici serait très embêtante, avec tout le trafic. Après quelques minutes à réfléchir, la météo prend la décision pour nous. De belles gouttes commencent à tomber, et si cette petite portion est déjà difficile par temps sec, c'est toute la route qui deviendra très compliquée si la poussière se transforme en boue. Nous décidons de faire demi-tour, d'autant qu'il y a encore la descente initiale à parcourir en sens inverse.



Avec la pluie, le chemin devient progressivement plus difficile. Au début, le sol à tendance à se compacter un peu, ce qui est agréable, mais une fois la poussière transformée en boue, cela devient glissant. Les petits paquets de sable et de poussière deviennent lourds et il faut forcer un peu sur l'accélérateur pour éviter de se faire emporter dans la mauvaise direction. Quand nous arrivons à la montée juste avant le bâtiment d'accueil, nous décidons cette fois de prendre un petit détour moins raide. Les voitures commencent à avoir passablement de difficultés, et nous les voyons lutter pour conserver de l'adhérence. Pour nous, si la montée n'est pas de tout repos, elle se fait au moins à rythme régulier et sans trop d'accrocs. Aurore se trouve coincée une fois, chaque roue dans un trou, avec une bosse entre deux, mais elle s'en sort avec un bon coup d'accélérateur.

Nous arrivons au restaurant, et nous nous asseyons un moment pour boire un verre sur la terrasse et apprécier encore un moment la splendide vue. Deux jeunes françaises sont assises à côté de nous, et nous discutons un bon moment. Elles ont essayé de faire le tour en voiture, mais ont eu pas mal de difficultés. Ce n'est rien à côté de ce que nous pouvons voir sur le chemin, que nous voyons à présent serpenter depuis notre point de vue. La route est devenue tellement glissante que même les véhicules tout-terrain sont désormais en difficulté dans la montée. Certains s'en sortent, mais d'autres n'ont aucune traction, et n'arrivent qu'à mi-pente avant de se mettre à glisser sur place, et finalement redescendre en marche arrière, les roues bloquées glissant sur la boue. Nous continuons de discuter et d'observer tout cela encore un moment. Les deux demoiselles sont en voyage depuis une quinzaine de jours : elles ont visité New York, Los Angeles, et font maintenant un tour des parcs de l'Ouest avec leur voiture de location.

Nous reprenons la route, et entrons dès la sortie du parc dans l'Arizona. Pas de motel libre dans le coin, et avec cette météo, pas très envie d'aller camper, alors nous roulons encore deux heures jusqu'à Page. En route, une petite pause au croisement des routes 160 et 98, où des indiens Navajo tiennent de petits étals, et vendent encore une fois de petites poteries. J'y trouve un petit souvenir pour ma maman, et le vendeur m'explique la technique du horse hair pottery, la poterie décorée avec du crin de cheval. Le crin, posé sur la poterie à peine sortie du four, vient s'intégrer à la matière en formant de petites lignes noires, créant ainsi un joli contraste et des dessins étonnants. Nous atteignons Page juste avant un gros orage, et allons nous abriter dans la chambre pour récupérer en attendant le lendemain. Chaque jour nous amène en ce moment des souvenirs inoubliables, vivement le prochain!

Sunday, December 29, 2013

Petite parenthèse

Ouf, enfin un article après 6 semaines de silence, et 4 semaines après notre retour. Toutes nos excuses pour l'attente, mais lors des dernières semaines du voyage et des premières ici, nous avons eu un planning bien chargé et un état de fatigue croissant. Les vacances de Noël nous laissent enfin un peu de temps pour reprendre l'écriture. Nous comptons bien continuer jusqu'au bout, mais avec le retour au train-train, ce n'est pas facile.

En tout cas, pour ceux d'entre vous que nous n'avons pas encore eu l'occasion de voir depuis notre retour, nous sommes bien rentrés après 33'000 km de route, épuisés mais très heureux. On se réjouit de vous raconter la suite!

Canyonlands - The Needles

Au réveil, il fait déjà chaud. Hier soir, nous avons pu piquer une tête dans la piscine du camping. Elle était toute petite, et l'eau était fraiche après la chaleur intense de la journée, mais c'était agréable de baisser un peu la température. Pas le temps de le faire ce matin, car il faut lever le camp et se mettre en route. Le plan de la journée est d'aller visiter un deuxième tiers du parc de Canyonlands, les Needles, avant de prendre un peu d'avance sur la route de Monument Valley.

Une quarantaine de miles au Sud de Moab, nous arrivons à l'embranchement de la route vers les Needles, après avoir évité de nous faire renverser par deux 4x4 qui nous ont dépassé sans prendre la peine de nous laisser de place... Visiblement, les conducteurs en Utah ne semblent pas se faire trop de souci pour la sécurité des autres usagers de la route, car ce n'est pas la première fois depuis que nous sommes arrivés ici.

La route qui rentre dans le parc suit le fond d'un canyon, et passe devant un site historique appelé Newspaper Rock. Sur cette paroi du canyon, on trouve une grande collection de pétroglyphes datant d'environ 2000 ans, représentant des éléments de la vie courante pour les Navajos de l'époque, tels les animaux qu'ils chassaient, des hommes à cheval, ou des symboles culturels ou spirituels. Deux motards sont là en même temps que nous, un parisien et un américain, qui vivent comme nous l'aventure d'une vie.



La route continue vers l'entrée du parc à proprement parler, et traverse une grande plaine aride, entourée de mesas. Le paysage est spectaculaire encore une fois, mais il n'y a pas beaucoup d'occasions de s'arrêter pour prendre des photos, car le bord de route n'est pas bien large (du coup, je pique sans vergogne une image du Google Street View...).


Nous atteignons le Visitor Center et faisons une pause déjeuner sur les tables de pic-nic disposées à l'extérieur. Il fait très chaud, mais les tables sont à l'ombre d'un toit de jonc séché, ce qui nous laisse un peu de répit. Le Visitor Center ici n'offre qu'une petite exposition sur la formation des needles, mais pas de nourriture, heureusement, nous avons prévu le coup. Après avoir rempli les bouteilles d'eau, nous retournons aux motos, et y sommes attendus par un groupe d'une petite dizaine de chinois, qui semblent être en train de faire le tour du monde en 4x4, au vu de tous les autocollants sur leurs véhicules. La communication est difficile, car ils ne parlent visiblement pas un mot d'anglais ni d'aucune autre langue européenne, tandis que nos connaissances du chinois de limitent à "Ni Hao". Ils ont l'air très contents de nous rencontrer tout de même, et nous essayons de comprendre nos parcours respectifs, avec un succès limité.

En quittant le parking, un chemin en sable semble partir vers le Nord : le panneau "Colorado River Overlook" semble tentant, et je propose à Aurore d'aller improviser un peu sur ce chemin plutôt que de suivre les routes principales. Une petite descente initiale passée, la route est toute droite sur les 300 premiers mètres. La couche de sable est mince, et en dessous, le sol est dur, ce qui est rassurant. Un peu trop d'ailleurs... Au premier virage, qui n'en est même pas vraiment un, simplement un léger changement de direction, le sol devient meuble rapidement. Ma roue avant s'enfonce, impossible ou presque de tourner alors qu'il le faut pourtant bien, et je m'écrase sur le flanc gauche après avoir heureusement perdu un peu de vitesse. Mon pied gauche reste coincé sous la moto au moment de l'impact, et tourne de façon inquiétante vers l'arrière, mais le sable est mou et je m'en sors avec plus de peur que de mal tandis qu'Aurore me rejoint en roulant au pas.

La moto, elle, n'est pas tout à fait indemne. La bulle est venue taper dans le talus de sable au bord du chemin, et a basculé vers moi, arrachant au passage toutes ses attaches. Le levier d'embrayage est cassé et le protège-mains, s'il a fait son travail, a souffert au passage. Je suis couvert de petites boules piquantes que les buissons semblent parsemer un peu partout, et je me sens honteux d'avoir été aussi confiant. Aurore m'aide à décharger les bagages de la Triumph, car elle est bien trop lourde pour la relever, même à deux. Pendant ce temps, un ranger arrive avec sa Jeep, et nous demande si tout va bien. Je lui explique qu'il n'y a en tout cas pas de mal, et qu'étant donné que nous ne sommes qu'à quelques centaines de mètres du Visitor Center, on devrait arriver à s'en sortir. Il ne s'est pas passé plus de 3 minutes depuis la chute, et je me demande s'il a gardé un œil sur nous, ou s'il a une caméra de surveillance, mais j'apprendrai plus tard que ce n'est pas le cas, et qu'il était simplement là par hasard.

Nous commençons par rafistoler le pare-brise avec des micro-sangles en plastique, que nous avions prévu d'emmener avec nous, car elles permettent justement de se sortir de ce genre de petit souci. J'essaie de redémarrer et je m'inquiète pendant quelques instants, le temps de me rendre compte que le coupe-circuit est encore enclenché. Le sable très fin est venu se faufiler un peu partout, mais visiblement ce n'est pas un problème car la moto démarre sans souci.

Petite photo du bricolage, qui tient bien même à grande vitesse!
 Au vu des difficultés et du temps perdu, nous décidons de faire demi-tour et de retourner sur les routes principales. Nous nous dirigeons donc vers le Big Spring Canyon. Cette "grande source" n'a de grande que le nom en ce mois de septembre, mais on peut voir tout autour de nous que la roche a été creusée par l'érosion d'une manière étonnante.







Il nous reste juste assez de temps pour aller explorer le dernier coin de cette partie du parc, Elephant Hill. Le chemin en graviers qui nous y amène est bien plus simple à négocier que le sable d'un peu plus tôt, et le cadre toujours aussi magnifique. Arrivés au bout du chemin, une petite piste monte de façon abrupte le long des parois du canyon, mais nous avons fait assez d'acrobaties pour une journée, et décidons de rebrousser chemin.






De retour sur le goudron, la moto d'Aurore commence à avoir des soucis. La poignée des gaz semble à nouveau ne plus répondre, et la moto cale alors même qu'elle est en train de rouler. Nous arrivons péniblement au Visitor Center, mais encore une fois, il n'y a apparemment pas de raison évidente pour expliquer ces ratés. Après une longue pause, elle repart un peu mieux, et si le moteur a encore quelques ratés, au moins il ne cale plus. Nous quittons le parc par la route prise le matin-même, et roulons jusqu'à Blanding, où nous arrivons alors que la lumière du Soleil commence à baisser.

Alors que nous sommes en train de finir de décharger les affaires pour la nuit et de graisser les chaines, un groupe de vétérans - des militaires à la retraite - vient nous voir sur le parking du motel. Nous leur racontons nos péripéties du jour, et ils nous expliquent qu'ils viennent pour une réunion de vétérans de la guerre du Golfe. Ils ont l'air très sympathiques, mais ils doivent probablement se rendre compte de notre fatigue après cette journée magnifique, mais difficile, alors la conversation ne dure pas. Nous allons vite nous reposer, car les journées à venir pourraient bien être aussi pleines.

Thursday, November 14, 2013

PS : Canyonlands Jour 1

Quelques photos que je n'ai pas réussi à insérer hier soir, en particulier de Dead Horse Point :





Wednesday, November 13, 2013

Canyonlands - Island in the Sky

Vendredi 6 Septembre

Le programme pour les deux prochains jours est d'aller visiter le parc national de Canyonlands, situé au sud du parc national des Arches. Le parc est découpé en 3 morceaux par les deux rivières qui s'y rejoignent, la Colorado River et la Green River. Nous quittons le camping en fin de matinée, alors qu'il fait déjà chaud, et prenons la route 313, qui nous amène à la partie Nord du parc, entre les deux rivières. Cette zone est nommée Island in the Sky (île dans le ciel), et l'on comprend rapidement pourquoi lorsque la route s'élève pour passer de la plaine à un plateau surélevé dans lequel les canyons se sont creusés au fil des siècles. Dès le plateau atteint, des mesas au Nord surgissent en pleine vue, donnant déjà un petit air de Monument Valley aux environs, alors que nous n'y serons en fait qu'après-demain.


Au visitor center, nous nous arrêtons pour remplir les gourdes et collecter quelques souvenirs à envoyer à la famille. Sur le comptoir, une carte du parc attire notre oeil, et en particulier un chemin qui y est représenté, la "White Rim Road". Le ranger nous explique que cette piste de près de 100 miles (14 heures de route) est particulièrement difficile, et ne peut être empruntée que par des véhicules tout-terrain. Ca tombe bien, nos motos n'ont pas franchement été testées depuis l'Alaska. Quatorze heures, c'est évidemment trop, alors nous décidons d'aller faire quelques kilomètres, pour voir, et de faire demi-tour quand il sera temps.

La White Rim Road est effectivement assez rude. Le chemin est assez accidenté, et surtout, après un ou deux kilomètres de descente, il atteint le bord du canyon, que nous longeons pendant un bon moment- L'à-pic sur notre gauche est impressionnant, le plateau inférieur étant situé près de 300 mètres plus bas que nous. Nous nous tenons le plus à droite possible de la route, tout en songeant qu'au retour, il faudra bien se tenir plus près du bord si un véhicule nous croisera en sens inverse. Le spectacle est extraordinaire, et nous nous arrêtons plusieurs fois pour l'admirer, car en roulant, pas question de quitter la route des yeux.




Au bout de quelques kilomètres, nous atteignons le début de la descente dans le canyon. Nous n'avons pour l'instant vu que deux 4x4 sur le chemin, qui se dirigent dans le même sens que nous. Après les avoir laissé passer, nous les regardons négocier les virages en épingle à cheveux avec un peu de difficulté. J'ai bien envie d'essayer aussi, mais Aurore n'est pas rassurée du tout, et elle a probablement raison. Après une pause de réflexion, nous décidons de ne pas prendre de risques et de faire demi-tour, d'autant qu'il y a encore beaucoup de choses à voir aujourd'hui.


Les images ne traduisent que très mal l'immensité de l'endroit.
La remontée vers la route principale se fait sans trop d'encombres, notamment parce que nous nous arrêtons à chaque fois qu'un véhicule vient en sens inverse pour le laisser manœuvrer tranquillement, et pour ne pas risquer de dévier vers le grand saut. Nous atteignons Grand View Point, l'un des deux points de vue principaux d'Island in the Sky, peu avant le déjeuner. Le spectacle est ahurissant, le canyon s'étendant à perte de vue devant nous, alors que nous nous tenons debout quasiment au-dessus du vide.







Alors que nous déjeunons à l'ombre d'un abri pour pic-nic, en descendant l'eau des gourdes à la chaîne, une vieille camionnette VW nous klaxonne au passage. En la voyant s'éloigner, nous comprenons pourquoi au moment où nous apercevons les plaques argoviennes. Ils ne s'arrêteront pas pour dire bonjour, mais les chipmunks, eux, sont bien là, à l'affût de la moindre miette qui tomberait de la table.


A l'autre bout de cette partie Nord du parc, une marche d'une quinzaine de minutes (au cours de laquelle nous croisons plusieurs français) nous mène jusqu'à Upheaval Dome. Avant de pouvoir y monter, cependant, un couple d'allemands nous intercepte pour que nous leur parlions de notre voyage. Ils ne parlent ni anglais ni français, alors je fais de mon mieux, avec mon allemand cassé, pour expliquer. Cela a l'air de marcher, car ils se mettent à nous raconter tout un tas de choses, dont je comprends à peine un mot sur trois. Je devine qu'ils sont motards aussi et aimeraient faire la même chose, puis qu'ils veulent nous donner des conseils sur les routes à faire aux alentours. Au terme de la conversation, après qu'ils nous aient tenu la patte une vingtaine de minutes, je n'ai rien compris de leurs conseils, mais ils ont l'air satisfaits, et nous nous éclipsons pour aller faire notre petite marche.

Upheaval Dome, donc, est situé au centre d'un cratère, lui-même le résultat d'un impact de météorite survenu il y a 170 millions d'années, et ne serait pas, comme son nom tendrait à l'indiquer, en train de "pousser", mais simplement le résultat de l'érosion au cours de cette longue période. Difficile de le montrer par une photo avec un angle limité, alors il faudra me faire confiance pour les explications (après que j'aie moi-même fait confiance au pamphlet explicatif qui nous a été fourni à l'entrée du parc).


L'heure avance, et nous voulons encore aller voir Dead Horse Point, qui ne fait pas partie du parc national, mais est en fait un parc d'Etat situé juste avant l'entrée de Canyonlands. L'intérêt principal de ce tout petit parc est un point de vue étonnant sur un virage particulièrement serré de la rivière Colorado au fond du canyon qu'elle a creusé ici. Mais pour nous, un deuxième intérêt surgit quand nous apercevons tout au fond du canyon deux motards, en train de filer à toute allure sur la White Rim Road, dont nous avons parcouru les premiers kilomètres ce matin.


C'est sur le chemin que l'on devine sur cette deuxième photo que nous voyons les motos filer, quelques minutes après ce cliché, et après que la batterie de l'appareil photo ait rendu l'âme... :-/

Friday, November 8, 2013

Signe de vie

Salut à tous. Juste quelques mots pour vous dire que, comme vous avez pu le remarquer, le blog est en pause depuis quelques semaines. Tout un tas de raisons à ça, et pas très envie de nous étaler dessus (en gros météo, motivation, fatigue, envie de passer du temps avec la famille quand nous sommes passés chez eux, le tout pas nécessairement en même temps). Mais pour ceux qui nous lisent régulièrement, sachez que tout va bien, que nous continuons notre voyage plus ou moins dans les temps et selon les prévisions, et que le blog devrait reprendre dans les prochains jours, quand nous retrouverons un rythme un peu plus normal que ces 3 dernières semaines. Merci encore de nous suivre et à bientôt pour la suite des aventures!

Tuesday, October 15, 2013

Arches National Park

Jeudi 5 Septembre

Nous n'avons en effet qu'un peu moins de deux heures de route à faire aujourd'hui. Le paysage est encore une fois aride, de grandes plaines de poussière grise couvertes de petites touffes d'herbes jaunies, et tout à coup, sortant de terre, de grandes arêtes de roche grise. A mesure que nous descendons de plus en plus au Sud, les températures montent, et nous sommes déjà obligés de chercher de l'ombre lorsque nous faisons notre première pause, peu après onze heures. Sur une aire de bord de route, les petits buissons n'en offrent pas vraiment, et c'est grâce à un RV presque aussi grand qu'un bus que nous en trouvons : les passagers en sont descendus, et restent à l'ombre eux aussi, alors comme souvent nous discutons quelques minutes. Un pick-up transformé en RV arrive à son tour : il est couvert d'autocollants à la gloire de l'armée, de Dieu, et du deuxième amendement. Un trio qui va souvent ensemble ici, mais qui me paraît toujours si incompatible... Eux ne s'arrêtent pas dire bonjour, ils se sont juste arrêtés faire une pause pipi, le gigantesque verre de soda (il doit faire au moins un litre et demi) que l'on peut voir entre les deux sièges n'ayant pas dû aider.



Nous arrivons en milieu de journée au camping que nous avons appelé le matin-même, et plantons avec difficulté la tente dans le sol dur comme de la pierre. Avec un peu d'eau, et beaucoup d'effort, nous finissons par réussir à creuser de petits trous où enfoncer les piquets. Le cadre est grandiose, car depuis quelques kilomètres, les mesas se sont teintées de rouge, et tranchent nettement avec le fond bleu du ciel.


Nous avons l'après-midi pour partir explorer le parc national des Arches. La route qui descend vers l'entrée du parc traverse déjà un canyon magnifique. Une fois dans le parc, la route s'élève pour remonter vers la plateau qui surplombe la vallée. Elle se poursuit sur 17 miles jusqu'à un cul-de-sac, et les arches et autres curiosités géologiques s'enchaînent le long du chemin.




Park Avenue





Balanced Rock

Il fait très chaud...

North Window
Une jeune femme se cache dans cette photo, sauras-tu la retrouver?





Turret Arch


Tout au bout de la route, enfin, un point d'eau pour remplir les gourdes



Delicate Arch



Nous sortons du parc à la nuit tombée, et allons jusqu'à Moab pour aller chercher de quoi faire un barbecue au camping. Le feu a du mal à prendre, mais il fait bon, et nous restons à apprécier la soirée dans la lumière des lampes frontales, accrochées aux branches d'arbre juste au-dessus de nous.