Sunday, December 29, 2013

Canyonlands - The Needles

Au réveil, il fait déjà chaud. Hier soir, nous avons pu piquer une tête dans la piscine du camping. Elle était toute petite, et l'eau était fraiche après la chaleur intense de la journée, mais c'était agréable de baisser un peu la température. Pas le temps de le faire ce matin, car il faut lever le camp et se mettre en route. Le plan de la journée est d'aller visiter un deuxième tiers du parc de Canyonlands, les Needles, avant de prendre un peu d'avance sur la route de Monument Valley.

Une quarantaine de miles au Sud de Moab, nous arrivons à l'embranchement de la route vers les Needles, après avoir évité de nous faire renverser par deux 4x4 qui nous ont dépassé sans prendre la peine de nous laisser de place... Visiblement, les conducteurs en Utah ne semblent pas se faire trop de souci pour la sécurité des autres usagers de la route, car ce n'est pas la première fois depuis que nous sommes arrivés ici.

La route qui rentre dans le parc suit le fond d'un canyon, et passe devant un site historique appelé Newspaper Rock. Sur cette paroi du canyon, on trouve une grande collection de pétroglyphes datant d'environ 2000 ans, représentant des éléments de la vie courante pour les Navajos de l'époque, tels les animaux qu'ils chassaient, des hommes à cheval, ou des symboles culturels ou spirituels. Deux motards sont là en même temps que nous, un parisien et un américain, qui vivent comme nous l'aventure d'une vie.



La route continue vers l'entrée du parc à proprement parler, et traverse une grande plaine aride, entourée de mesas. Le paysage est spectaculaire encore une fois, mais il n'y a pas beaucoup d'occasions de s'arrêter pour prendre des photos, car le bord de route n'est pas bien large (du coup, je pique sans vergogne une image du Google Street View...).


Nous atteignons le Visitor Center et faisons une pause déjeuner sur les tables de pic-nic disposées à l'extérieur. Il fait très chaud, mais les tables sont à l'ombre d'un toit de jonc séché, ce qui nous laisse un peu de répit. Le Visitor Center ici n'offre qu'une petite exposition sur la formation des needles, mais pas de nourriture, heureusement, nous avons prévu le coup. Après avoir rempli les bouteilles d'eau, nous retournons aux motos, et y sommes attendus par un groupe d'une petite dizaine de chinois, qui semblent être en train de faire le tour du monde en 4x4, au vu de tous les autocollants sur leurs véhicules. La communication est difficile, car ils ne parlent visiblement pas un mot d'anglais ni d'aucune autre langue européenne, tandis que nos connaissances du chinois de limitent à "Ni Hao". Ils ont l'air très contents de nous rencontrer tout de même, et nous essayons de comprendre nos parcours respectifs, avec un succès limité.

En quittant le parking, un chemin en sable semble partir vers le Nord : le panneau "Colorado River Overlook" semble tentant, et je propose à Aurore d'aller improviser un peu sur ce chemin plutôt que de suivre les routes principales. Une petite descente initiale passée, la route est toute droite sur les 300 premiers mètres. La couche de sable est mince, et en dessous, le sol est dur, ce qui est rassurant. Un peu trop d'ailleurs... Au premier virage, qui n'en est même pas vraiment un, simplement un léger changement de direction, le sol devient meuble rapidement. Ma roue avant s'enfonce, impossible ou presque de tourner alors qu'il le faut pourtant bien, et je m'écrase sur le flanc gauche après avoir heureusement perdu un peu de vitesse. Mon pied gauche reste coincé sous la moto au moment de l'impact, et tourne de façon inquiétante vers l'arrière, mais le sable est mou et je m'en sors avec plus de peur que de mal tandis qu'Aurore me rejoint en roulant au pas.

La moto, elle, n'est pas tout à fait indemne. La bulle est venue taper dans le talus de sable au bord du chemin, et a basculé vers moi, arrachant au passage toutes ses attaches. Le levier d'embrayage est cassé et le protège-mains, s'il a fait son travail, a souffert au passage. Je suis couvert de petites boules piquantes que les buissons semblent parsemer un peu partout, et je me sens honteux d'avoir été aussi confiant. Aurore m'aide à décharger les bagages de la Triumph, car elle est bien trop lourde pour la relever, même à deux. Pendant ce temps, un ranger arrive avec sa Jeep, et nous demande si tout va bien. Je lui explique qu'il n'y a en tout cas pas de mal, et qu'étant donné que nous ne sommes qu'à quelques centaines de mètres du Visitor Center, on devrait arriver à s'en sortir. Il ne s'est pas passé plus de 3 minutes depuis la chute, et je me demande s'il a gardé un œil sur nous, ou s'il a une caméra de surveillance, mais j'apprendrai plus tard que ce n'est pas le cas, et qu'il était simplement là par hasard.

Nous commençons par rafistoler le pare-brise avec des micro-sangles en plastique, que nous avions prévu d'emmener avec nous, car elles permettent justement de se sortir de ce genre de petit souci. J'essaie de redémarrer et je m'inquiète pendant quelques instants, le temps de me rendre compte que le coupe-circuit est encore enclenché. Le sable très fin est venu se faufiler un peu partout, mais visiblement ce n'est pas un problème car la moto démarre sans souci.

Petite photo du bricolage, qui tient bien même à grande vitesse!
 Au vu des difficultés et du temps perdu, nous décidons de faire demi-tour et de retourner sur les routes principales. Nous nous dirigeons donc vers le Big Spring Canyon. Cette "grande source" n'a de grande que le nom en ce mois de septembre, mais on peut voir tout autour de nous que la roche a été creusée par l'érosion d'une manière étonnante.







Il nous reste juste assez de temps pour aller explorer le dernier coin de cette partie du parc, Elephant Hill. Le chemin en graviers qui nous y amène est bien plus simple à négocier que le sable d'un peu plus tôt, et le cadre toujours aussi magnifique. Arrivés au bout du chemin, une petite piste monte de façon abrupte le long des parois du canyon, mais nous avons fait assez d'acrobaties pour une journée, et décidons de rebrousser chemin.






De retour sur le goudron, la moto d'Aurore commence à avoir des soucis. La poignée des gaz semble à nouveau ne plus répondre, et la moto cale alors même qu'elle est en train de rouler. Nous arrivons péniblement au Visitor Center, mais encore une fois, il n'y a apparemment pas de raison évidente pour expliquer ces ratés. Après une longue pause, elle repart un peu mieux, et si le moteur a encore quelques ratés, au moins il ne cale plus. Nous quittons le parc par la route prise le matin-même, et roulons jusqu'à Blanding, où nous arrivons alors que la lumière du Soleil commence à baisser.

Alors que nous sommes en train de finir de décharger les affaires pour la nuit et de graisser les chaines, un groupe de vétérans - des militaires à la retraite - vient nous voir sur le parking du motel. Nous leur racontons nos péripéties du jour, et ils nous expliquent qu'ils viennent pour une réunion de vétérans de la guerre du Golfe. Ils ont l'air très sympathiques, mais ils doivent probablement se rendre compte de notre fatigue après cette journée magnifique, mais difficile, alors la conversation ne dure pas. Nous allons vite nous reposer, car les journées à venir pourraient bien être aussi pleines.

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