Tuesday, July 7, 2009

Saint Etienne (en Suisse)

La moto en Suisse, c’est pas comme ailleurs. Dans un pays normal, tu prends des cours de moto avec un moniteur, et puis un jour tu passes un test et on te dit que tu peux conduire une moto tout seul. Ici, tu conduis tout seul, on te donne quelques cours quand même, mais pas forcément avant que tu prennes la route, et puis un jour tu passes un test et on te dit que c’est bon, tu peux vraiment conduire tout seul maintenant. Du coup, après ma première grande expérience (1 heure de cours), je suis allé chercher ma moto dans un petit village paumé des alpes bernoises, qui s’appelle Sankt Stephan (mais on m’a dit qu’en francais ca se prononçait Saint Etienne, va comprendre..)

Une belle occasion donc, j’hésitais entre V-Strom et BMW 1150 GS, on a regardé dans nos porte-monnaies avec Aurore, et ils ont décidé que la Suzuki irait très bien (Snif..). Après quelques difficultés linguistiques (ben oui, moi je parle pas Schwiizerdüütsch, et les garagistes de Saint Etienne parlent pas français visiblement), j’ai pu aller l’essayer. Aurore était avec moi, mais avec 1 heure d’expérience en moins par rapport à moi elle se sentait pas de monter directement sur une 650. On s’est mis d’accord sur le prix, il a rajouté les side-cases pour me convaincre, et c’était signé.

Ensuite, évidemment, il a fallu passer par les batailles administratives. Le garagiste et moi on a pas du bien se comprendre – je me demande pourquoi? – et du coup les papiers de la moto ont atterri à Aigle au lieu de Lausanne. J’ai du aller faire faire les plaques là bas, et une fois que je les ai eues, je suis allé demander quand était le premier train pour St. Stephan/Etienne. La gentille dame des CFF me répond qu’il y a un train toutes les deux heures (tu me diras, ca doit pas être la grosse destination pour beaucoup de gens), et du coup on est retournés en voiture le lendemain, et j’ai suivi Aurore au retour.

Premiers kilomètres incroyables, petite route de montagne (le Jaunpass pour ceux qui connaissent), grand soleil, tous les motards qui disent bonjour au passage, et moi qui essaie de répondre à temps, bref tout ce qu’il faut pour pas rester concentré sur la route. Mais tout s’est bien passé, même les premiers kilomètres d’autoroute, avec un vent qui n’a pas grand chose à voir avec les 70 km/h à tout casser dont j’avais l’habitude avec le scooter.

Voilà, ca donne une idée du bonheur que ca pouvait être comme première balade. 1h45 plus tard, j’émerge de mon casque, le front violet (penser à en acheter un nouveau), mais tout sourire. Après ses premiers cours, Aurore a aussi pu en profiter, et a très vite dominé son inquiétude au sujet du poids de la moto : de toute façon tant que ca reste droit, c’est pas lourd :-)

Les premiers cours se sont bien passés pour moi, il me reste 4 des 12 heures obligatoires, et Aurore va commencer au retour de nos 10 jours de vacances en Bretagne. Je commence déjà à préparer des itinéraires de voyage, mais je garde ca pour plus tard. Tant qu’on a pas le matériel de toute façon, ça sera pas facile : hier matin je vais me balader à la Vallée de Joux, et j’ai pu vérifier par la suite que c’était le seul endroit de Suisse où il pleuvait à ce moment là. Un pantalon et des bottes de moto imperméables ne seront pas superflus.

Premier contact

Alors voilà, ça fait quelques mois que je rêve gentiment de tout ça et c’est en train de se mettre en place. En fait ça a commencé quand Sebastian m’a passé ces vidéos de Long Way Round, des copies légales bien sûr (hem...), que j’ai dévorées en quelques jours. Je suppose qu’il faut bien tirer son inspiration de quelque chose, et ils le disent eux-mêmes dans le documentaire : si on arrive à inspirer des gens à faire le même genre de choses, à pas simplement dire “J’ai toujours voulu faire quelque chose comme ca”, mais à vraiment le faire, alors on aura servi à quelque chose pour ça aussi.

Et du coup je me suis décidé. La vieille Ford Fiesta (13 ans et 150′000 km quand même, c’est pas mal pour une essence..) arrivait à un tournant : soit il fallait la faire passer en plaques suisses, avec tous les frais associés, soit il fallait la vendre. Et acheter autre chose. Je commence à regarder les occasions pour des motos qui me plaisent, le rêve BMW a vite laissé la place à quelque chose de plus abordable, mais qui tiendra la route quand même. Je cherche aussi des écoles de conduite pour passer le permis. J’appelle un après-midi pour prendre contact et dire que je voudrais suivre les 12 heures de formation obligatoires avant de passer le permis. Le gars à l’autre bout de la ligne, qui s’appelle Claudy, me dit : “J’ai un créneau de libre demain matin pour ta première heure.” Heureusement j’avais déjà le permis provisoire, sinon j’aurais eu l’air malin.

J’arrive le lendemain matin, 7h45, encore à moitié endormi mais en même temps excité à l’idée de commencer. “T’as déjà fait de la moto?” “Non, 7 ans de scooter, c’est tout.” “T’as jamais passé de vitesses alors?” “Ben, non.” “Alors viens, tu vas monter sur la 125, mais d’abord on va te chercher du matériel.”

Ben oui, faut dire que toutes mes affaires étaient en France. Je pensais pas avoir un rendez-vous le lendemain matin à huit heures, il faut dire. Veste avec un superbe gilet jaune fluo et casque Jet sans visière tout blanc, gants en bon état à défaut de sembler neufs. Je monte sur la moto, et en trois minutes, il m’a tout dit. “Ca c’est l’embrayage, ca c’est le sélecteur de vitesse, ca c’est le frein avant, ca le frein arrière, ici le clignotant. T’as compris?” “Euh, oui..” “Ok, alors passe la première”. La moto est toujours sur sa béquille centrale, moi dessus, et lui appuie sur l’avant pour décoller la roue arrière. “Tu vois, ca tourne!” “Ben oui.” “Ok, passe les autre vitesses.” Je monte jusqu’en cinquième puis je redescends au point mort. “Ok, on y va alors!”

Et on part dans le trafic matinal parmi les voitures pressées d’arriver au boulot. 5 km et 10 minutes plus tard, on arrive sur le parking, et on commence quelques exercices. La planche, l’équilibre à basse vitesse, le freinage. “Ok, tu te débrouilles, on va passer à la 500. Tu verras, c’est pareil en plus lourd, c’est tout.” Mêmes exercices, et au bout de 20 minutes il me dit : “Ok, tu sais tout, va te balader sur les routes de campagne 2-3 bornes et reviens! Fais gaffe dans les virages, freine avant et accélère à la sortie quand même.” Le premier vrai conseil depuis le début. J’y vais, et sur les premières centaines de mètres c’est génial, sentiment de liberté tout ca. Après je sais plus trop, parce qu’un paysan est en train de passer du fertilisant sur son champ à côté de la route et que je m’en prends plein la tête – fertilisant ou pesticide, c’est quoi le mieux?

Je reviens au parking et il me voit les yeux à moitié fermés : “Ca va?” “Génial!” On rentre à l’auto école et il doit avoir du boulot parce qu’il me dit “Bon, il reste 20 minutes, tu peux aller te balader.” Et j’en profite. Voilà, c’est comme ca que j’ai appris la moto.

Avec ce Monsieur

et ces deux motos

Edit : Quand je dis premier vrai conseil, faut préciser : Claudy a été très sympa tout le long et il a juste pas eu énormément de conseils à me donner parce qu'avec les années de scooter, les choses me sont venues assez naturellement et j'en avais pas tant besoin. Avec d'autres il a pris nettement plus de temps pour les aider et je pense que c'est un très bon moniteur, sympa et qui sait donner les bons conseils en fonction de la progression de l'élève. (Tout ca pour dire que je voulais pas le casser, au contraire).